Suivre le parcours hospitalier du patient grâce à la vidéotransmission

Chirurgie ambulatoire : plongée au cœur du bloc

Publié le 10/10/2012
Article réservé aux abonnés

10 H 17, vendredi dernier, dans un amphithéâtre de l’Est parisien. Étrange vision que celle projetée sur un écran géant du Dr Nicolas Dufeu, anesthésiste-réanimateur en tunique de bloc et charlotte, un micro à la main, l’oreillette haut perchée, commentant en direct les derniers instants de la cholécystectomie cœlioscopique que sa consœur de l’hôpital Saint-Antoine effectue dans le bloc 3. Peu importunée par la caméra qui filme tous ses faits et gestes, le Dr Magalie Lefrançois, chef de clinique au service de chirurgie digestive, expose, tout en manipulant ses trocarts, tout le bien qu’elle pense de la chirurgie ambulatoire. Une vésicule plus tard, le Dr Dufeu se retourne vers la caméra et sourit : « Marc, à vous l’antenne ! ».

Guide touristique.

PU-PH au service d’anesthésie-réanimation, le Pr Marc Beaussier est l’instigateur de cette première journée de vidéotransmission en chirurgie et anesthésie ambulatoire (VIDEOCAA). « La génèse de l’événement ? J’en avais marre de faire le guide touristique pour les institutionnels ! ironise-t-il. L’ambulatoire fonctionne très bien à Saint-Antoine et il ne se passe pas une semaine sans qu’on fasse visiter notre unité de chirurgie dédiée. Cette journée vidéo sert à sortir du théorique pour montrer la réalité ».

Dans l’établissement de l’AP-HP, l’activité de chirurgie ambulatoire porte sur l’orthopédie, les urgences, la stomatologie et le digestif. Autonome, l’unité réunit cinq places et trois salles d’opération. Impossible de faire plus dans 600 m2. 2 548 patients ont été accueillis en 2 011. « Pour eux, c’est une libération, témoigne le Pr Levon Doursounian, chef du service de chirurgie. Dans leur esprit, rentrer à l’hôpital, c’est ne jamais en sortir. Avec l’ambulatoire, se faire opérer revient à aller chez le dentiste ! ».

Passeport ambulatoire.

À Saint-Antoine, la meilleure façon de se défaire de sa vésicule, c’est de pratiquer la « marche en avant ». « C’est ainsi qu’on nomme le chemin clinique du patient au sein de l’unité de chirurgie ambulatoire », explique le Pr Beaussier à l’auditoire (médecins, internes, institutionnels, cadres administratifs) qui prend des notes avec avidité. En temps normal, cette terminologie s’applique au linge et au matériel médical, qui va du sale au propre, avec validation de chaque étape pour passer à la suivante. Pour le patient, qui ne repasse jamais par le même endroit, le principe est le même, check-list à l’appui.

À l’accueil (première étape) Aurélie procède à la vérification médicale et administrative, elle s’assure que les consignes inscrites sur le « passeport ambulatoire » du patient ont été respectées à la lettre, notamment en matière d’hygiène. Le patient prend sa douche désinfectante chez lui ? s’étonne la salle. « Oui, confirme le

Pr Beaussier, et on vérifie par un coup de fil de rappel à J-1. C’est pour gagner du temps. Nous avons une douche mais nous ne l’avons jamais utilisée pour l’instant ». Stupéfaction (admiration ?) sur les bancs.

N’oublier ni la décence, ni le bracelet électronique.

Deuxième étape : le vestiaire, avec préparation, habillage – en pyjama et non en blouse – et pose d’un bracelet électronique qui va permettre à Aurélie, à partir de son second écran d’ordinateur, de mesurer la fluidité du parcours, de donner le tempo à la journée. Pour le patient, direction la préparation à l’opération. « À pied, d’où l’importance d’une tenue décente », insiste le Dr Dufeu. C’est à ce stade du parcours qu’a lieu l’induction. Il est 9 h 40. Dans 30 minutes, tout sera terminé et à 12h35, le patient aura retrouvé sa liberté.

 ANNE BAYLE-INIGUEZ

Source : Le Quotidien du Médecin: 9172