C’est à la fin de l’année 2 012 qu’a été rendu public le Livre Blanc du Collège national des cardiologues des hôpitaux (CNCH). « C’est la première fois que nous publions ce type de document. L’objectif était d’abord de faire un état de lieux le plus large possible. C’est important, au moment où notre système de santé connaît de profondes mutations, d’attirer l’attention des décideurs de la santé sur la place de nos établissements dans l’offre de soins cardiologiques », indique le Dr Simon Cattan, président du CNCH et coordonnateur du Livre Blanc.
Comme le rappelle le Dr Guy Hanania, président honoraire, en préambule du Livre Blanc, le CNCH a été créé le 11 mai 1985 lors d’une réunion, à Paris, de ses membres fondateurs, une trentaine de praticiens hospitaliers venus de toute la France. Le Collège associe les services de cardiologie des centres hospitaliers, des ESPIC (ex-PSPH : participants au service public hospitalier) et des Hôpitaux militaires. Le Collège regroupe 403 établissements, 11 722 lits de cardiologie, plus 1 772 lits de soins intensifs (USIC). « Il est en tête des prises en charge cardiologiques hospitalières avec 49 % des séjours. Cette offre de soins représente 41 % de la masse financière annuelle globale de la Cardiologie française », souligne le Dr Cattan.
Autre constat relevé par le Livre Blanc : le CNCH est le 1er acteur de la permanence des soins au niveau national avec 48 % de parts de marché dans la prise en charge des séjours avec passage en USIC. soixante huit pour cent des syndromes coronariens aigus y sont hospitalisés et 61 % des infarctus du myocarde, quel que que soit le niveau de sévérité. Quant à l’activité de cardiologie interventionnelle coronaire, elle représente 32 % des cas de GHM (Groupes homogènes de malades) à forte sévérité. En rythmologie conventionnelle, le Collège est le deuxième acteur avec une prise en charge de 38 % des cas hospitaliers relevant de la ryhtmologie.
Permanence des soins
« Un des grands défis de notre spécialité est de continuer d’assurer des soins de proximité avec un haut niveau de qualité et de sécurité. Il est important de proposer une offre de soins au plus près des patients, notamment pour les syndromes coronariens aigus qui est une activité soumise à autorisation à partir de certains seuils. À un moment, nous avons été un peu inquiets avec l’instauration de ces seuils d’activité mais nous avons réussi le pari de garder un large maillage territorial dans notre offre de soins », indique le Dr Cattan.
Mais le problème de la permanence de soins, assurée essentiellement par le secteur public et qui est insuffisamment tarifée, reste un sujet de préoccupation. « Dans les hôpitaux publics, les médecins, qui assurent cette permanence des soins, sont fort mal rémunérés. Par exemple, un PH temps plein, qui fait une garde de nuit dans une USIC, touche 250 €. Un PH, qui se déplace en pleine nuit pour une dilatation en urgence, touche 125 € », constate le Dr Cattan, en insistant sur la nécessité de maintenir une offre de soins cardiologique sur l’ensemble du territoire. « Le développement des zones en désertification médicale est évidemment un sujet d’inquiétude. Dans certains bassins de population d’environ 30 000 habitants, ce sont des PH à mi-temps qui étaient en poste dans les hôpitaux publics et en médecine libérale ambulatoire. Mais actuellement, nous recevons de plus en plus d’appels au secours d’hôpitaux qui ne trouvent plus de cardiologues », avertit le Dr Cattan, en ajoutant que le paysage cardiologique a un peu évolué ces dernières années. « On a assisté à l’émergence de gros centres autour de centres hospitaliers dotés d’importants plateaux techniques. On peut citer, à titre d’exemple, Metz, Annecy, Haguenau… Dans le même temps, on a vu se développer les déserts médicaux avec des bassins de population qui sont confrontés à un manque de plateau technique », indique le Dr Cattan, en ajoutant que la baisse de la démographie médicale et la diminution de l’attractivité des carrières fragilisent les structures.
Un autre motif de mobilisation pour le CNCH, largement évoqué dans le Livre Blanc, porte sur l’insuffisance tarifaire de certains GHS (Groupe homogène de séjour) dans le secteur public. « La convergence tarifaire entre le public et le privé a été un sujet largement débattu ces dernières années. Mais en cardiologie interventionnelle, la situation est un peu particulière : en effet, les tarifs des GHS à l ‘ hôpital public sont inférieurs à ceux du secteur privé », souligne le Dr Cattan.
« Ces constatations devraient inciter les décideurs de notre système de santé à une profonde réflexion sur les modalités des restructurations en cours », écrit le Dr Cattan dans « l’édito » du Livre Blanc, qu’il cosigne avec le Dr Michel Hanssen, président sortant du CNCH. « Il y a sans doute une ligne rouge à ne pas franchir en termes d’organisation de nos hôpitaux et d’attractivité pour nos praticiens, sans prendre le risque d’un véritable problème sanitaire sur une maladie représentant la 2ème cause de morbimortalité et qui augmentera avec le vieillissement de la population », ajoutent les Drs Cattan et Hanssen.
D’après un entretien avec le Dr le Dr Simon Cattan, président du CNCH et coordonnateur du Livre Blanc.
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