La moitié des patients hospitalisés pour un syndrome coronarien aigu connaîtront un nouvel évènement de ce type. Et ce, le plus souvent dans l’année. D’où l’importance de la prévention secondaire — par des options pharmacologiques à l’efficacité bien établie.
Problème : nombre d’individus n’observeraient pas leur traitement. Certaines études suggèrent qu’un tiers cesseraient de prendre au moins un de leurs médicaments dans les trois mois suivant un premier syndrome coronarien aigu, et que seule la moitié des individus suivrait son traitement en totalité à un an. Avec, in fine, un risque encore accru de nouvel évènement coronarien (1).
Dans ce contexte, des cliniciens et chercheurs australiens ont voulu identifier les facteurs qui pourraient influer l’observance à la prise en charge pharmacologique proposée après un syndrome coronarien aigu (2).
Pour ce faire, les auteurs ont effectué une analyse secondaire d’un essai clinique randomisé multicentrique en simple aveugle baptisé Textmeds — qui visait à évaluer l’intérêt de l’envoi de messages pour favoriser l’observance à la prévention secondaire pharmacologique après un syndrome coronarien aigu.
Les patients atteints de handicap physique moins observants
En pratique, les données de 1 379 individus inclus dans cet essai, qui avaient autorapporté leur observance à un traitement comportant jusqu’à cinq classes pharmacologiques de médicaments ont été prises en compte pour cette analyse. Les participants ont été définis comme observants si à 6 mois et à 12 mois de suivi, la proportion de médicaments indiqués pris était de plus de 80 % (soit 24 jours sur 30 pendant le mois précédent) pour chacune des cinq classes, en l’absence de contre-indication.
Résultat : comme attendu, des déterminants à la fois sociodémographiques et cliniques peuvent influencer l’observance au traitement. Par exemple, le fait de participer à un programme de réhabilitation était bien associé à une plus grande probabilité d’observer son traitement à 6 mois et 12 mois (OR = 1,47). Dans le même esprit, les patients peu autonomes, atteints d’un handicap physique, étaient plus à risque de mauvaise adhésion (OR = 0,43).
Les femmes mauvaises élèves ?
Mais d’autres résultats apparaissent plus surprenants. En particulier, alors qu’elles sont en général considérées comme de bonnes élèves en termes d’adhésion aux prises en charge, programmes de dépistage, etc., les femmes apparaissaient dans l’étude comme plus susceptibles de mal observer leur traitement que les hommes (OR = 0,67). Et à l’inverse, le fait d’être lourdement traité par un nombre important de médicaments semblait être associé à une meilleure observance qu’une prise en charge plus légère (OR =1,33) — alors même que le risque d’oubli, de confusions, d’effets indésirables, etc. augmente avec la longueur de la prescription.
Reste à savoir si certains biais méthodologiques sont en cause. Notamment, l’étude a recruté une faible proportion de femmes — plus de 79 % des participants étant des hommes. De plus, l’observance était estimée à partir d’auto-déclarations, aussi de véritables oublis de prise pourraient ne pas avoir été notés — notamment chez des patients présentant des ordonnances complexes.
Quoi qu’il en soit, d’autres études évoquent d’autres déterminants de l’observance : prise en charge initiale par une intervention coronaire percutanée, éducation thérapeutique, niveau d’éducation (diplôme), santé mentale (la dépression se dégageant comme un facteur psychologique majeur d’inobservance), etc. (1).
(1) M. Cecilia Bahit et al. Clinical Therapeutics. Volume 45, Issue 11, November 2023, Pages 1119-26
(2) Richard Kha et al. Heart. Published Online First: 16 January 2025
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