IL EST RASSURANT de voir que certains prennent le temps de réfléchir à l’aspect pratique d’un traitement. Trois médecins parisiens ont mené leur enquête sur le « carnet d’information et de suivi du traitement par AVK », distribué à leurs patients par nombre de praticiens. A. Bizard (hôpital Foch), D. Bonnet-Zamponi (hôpital Bichat) et S. Legrain (hôpital Bretonneau) ont surtout pensé aux personnes âgées chez qui est instaurée une anticoagulation et qui sont censées y puiser des informations. Le credo des enquêteurs est simple : l’incidence des troubles visuels est très élevée chez les plus de 75 ans, par conséquent nombre d’entre eux ne peuvent pas déchiffrer une partie de leur carnet. Ils incriminent des polices de caractère trop petites ou trop fines, des contrastes insuffisants entre les lettres et le fond (blanc sur violet, noir sur mauve…).
Pour confirmer leur impression les auteurs, qui publient leurs résultats dans « La Presse Médicale », ont mené leur enquête auprès de 47 patients consécutifs âgés de plus de 75 ans et hospitalisés. Un préambule était indispensable, s’assurer que les participants étaient capables de lire un texte de référence, très lisible (lettres suffisamment grandes, en gras, noires sur fond blanc).
Huit extraits du carnet.
Ensuite les volontaires devaient lire à haute voix huit extraits du carnet, comportant les diverses typographies utilisées. Il s’agissait de vérifier si la lecture était possible ou non, sa qualité, les erreurs. Est considéré comme lisible un texte lu sans erreurs par 90 % des participants.
En tout 47,3 % des sujets se sont trompés au moins une fois, bien souvent deux fois ou plus. Les trois extraits faits des titres ou de passage en gras ont été lus sans erreur dans 90 % des cas. Dans les autres situations, à moindre lisibilité, moins de 70 % des participants ont réussi l’épreuve. À noter qu’il s’agissait alors de passages portant sur les objectifs de sécurité.
Les auteurs jugent cette situation préoccupante. Ils rappellent que l’anticoagulation est souvent introduite à l’hôpital, que le risque hémorragique est majeur dans les premières semaines et que par définition les individus hospitalisés sont les plus fragiles.
Ils rejettent par avance l’objection qui pourrait leur être opposé de difficultés rencontrées en raison de troubles cognitifs divers : les tests réalisés en préambule confirmaient l’absence de troubles chez leurs patients.
En conclusion : « en privilégiant les polices en gras et en optimisant le contraste (encre noire sur fond blanc), le carnet serait lisible pour plus de 90 % de la population âgée hospitalisée contre 66,3 % actuellement ».
La Presse médicale septembre 2011, vol 40, n° 9, pp. 886-888.
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