Les sœurs des femmes ayant eu des complications durant la grossesse courent un risque cardiovasculaire plus élevé, même si elles ont eu des grossesses sans complications, selon une étude du Karolinska Institutet. Ces résultats, publiés dans le European Heart Journal, suggèrent que ces complications peuvent être liées à des maladies cardiovasculaires (MCV) familiales. Le risque de maladie cardiovasculaire après une grossesse compliquée ne dépend pas uniquement de la grossesse elle-même, mais aussi des gènes et des facteurs environnementaux.
« Les femmes souffrant de complications durant la grossesse, ainsi que leurs sœurs, pourraient bénéficier d'interventions précoces de prévention des maladies cardiovasculaires (traitement, conseils, suivi) », estiment les auteurs de cette étude. « L‘une des contributions concrètes de cette analyse est que nous pouvons désormais identifier les sœurs des femmes qui souffrent de complications comme un groupe présentant un risque élevé de MCV, qu'elles développent ou non des complications elles-mêmes », commentent, dans l’éditorial associé, les Drs Aarti Thakkar et Neha Pagidipati, cardiologues à l’Université de Duke (États-Unis).
« De multiples analyses suggèrent que les complications durant la grossesse elles-mêmes augmentent le risque de MCV en raison des changements cardiovasculaires liés à la grossesse […]. Cependant, d'autres analyses reconnaissent que les complications et les MCV partagent des facteurs de risque similaires, tels que l'hypertension, l'obésité et le syndrome métabolique, et proposent que le stress de la grossesse démasque les facteurs de risque menant à la fois aux complications et aux MCV ultérieures, expliquent-elles. Cette analyse met en lumière la physiopathologie complexe entre les facteurs familiaux, les complications durant la grossesse et les maladies cardiovasculaires ».
Croisement de données
Les chercheurs se sont intéressés à plusieurs registres nationaux suédois dont ceux concernant des femmes ayant donné naissance à leur premier enfant entre 1992 et 2019 (n = 1 220 715). Ils ont identifié celles ayant eu des complications durant leur grossesse et dont les sœurs avaient accouché au cours de la même période sans avoir rencontré de complications durant leur grossesse. Le risque de développer une maladie cardiovasculaire chez les femmes avec grossesse compliquée a été comparé à celui de leurs sœurs dont la grossesse ne l'avait pas été et à celui dans un groupe témoin de femmes non apparentées.
Pour réaliser leurs analyses, les auteurs ont relié les données des registres de naissances, de patients, de causes de décès, de la population générale et multigénérationnels, ainsi que la base de données longitudinale de l’assurance-maladie et des études sur le marché du travail. « Une méthodologie hautement novatrice », ont souligné les éditorialistes.
Les auteurs ont ainsi montré que les sœurs présentaient un risque de maladie cardiovasculaire supérieur de près de 40 % à celui des femmes du groupe témoin (HR = 1,39) et que, parmi elles, les demi-sœurs présentaient un risque plus élevé (HR = 1,69) que les sœurs « complètes » (HR= 1,28). Avec un suivi médian de 14 ans, les femmes avec grossesse compliquée présentaient un risque plus que doublé de maladies cardiovasculaires par rapport au groupe témoin (HR = 2,32), en particulier durant les six premiers mois après l’accouchement.
La génétique n’explique pas tout
« Cette analyse ne permet pas de déterminer si les facteurs familiaux sont génétiques, environnementaux ou les deux, car il est probable que les sœurs partagent tous ces facteurs. Le fait que les demi-sœurs sans complications présentent un risque plus élevé que les sœurs est contre-intuitif si des facteurs génétiques prédisposent les femmes atteintes de complications à développer des MCV », commentent les éditorialistes.
« Si les facteurs familiaux peuvent jouer un rôle, ils n'expliquent pas entièrement la relation entre les complications et les MCV. Leur risque dans les six mois suivant l'accouchement, multiplié par cinq et bien supérieur à celui des sœurs sans complications dans le même laps de temps, suggère que les complications elles-mêmes peuvent déclencher un développement plus rapide des MCV dans une population prédisposée ». Pour les Drs Thakkar et Pagidipati, des analyses sur des populations plus diversifiées permettraient de « mieux cerner le rôle des facteurs de risque environnementaux et sociaux dans le développement des complications et le risque de MCV », d’autant plus que l’étude ne dit pas si les sœurs et demi-sœurs ont été élevées au sein du même foyer.
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