Deux nouveaux essais de phase précoce ont été ouverts en janvier aux inclusions au Centre Léon Bérard (CLB) de Lyon. Le premier est un essai « first-in-man, first-in-class », qui vise à évaluer la tolérance, le profil pharmacocinétique et l’activité anti-tumorale d’un anticorps monoclonal humanisé ciblant la Nétrine 1 (NP137) chez des patients atteints de tumeurs solides à un stade avancé ou métastatique. Testé pour la première fois chez l’homme, ce nouveau candidat médicament a été mis au point, précise le centre Léon Bérard, « après trente années de recherche » sur le rôle des mécanismes « récepteurs à dépendance » dans la mort cellulaire conduites par Patrick Mehlen, directeur de la Recherche Translationnelle au CLB et directeur du laboratoire « Récepteurs à dépendance, cancers et développement » au sein du Centre de Recherche en Cancérologie de Lyon (CRCL) .
Le deuxième essai de phase précoce, lancé en janvier, est une étude de phase I d’escalade de dose, évaluant une nouvelle stratégie d’immunothérapie in situ. « Cet essai ISI-JX permettra de déterminer la dose recommandée, d’évaluer l’activité anti-tumorale induite et de confirmer la tolérance des traitements administrés », précise le centre Bérard.
Une trentaine d'études en cours
« Aujourd’hui, nous avons en cours une trentaine d’études de phase précoces dont un peu plus d’une dizaine recrutent activement. Et la moitié de ces études sont des essais d’immunothérapie », précise le Dr Philippe Cassier, oncologue médical au CLB et coordinateur du CLIP2 (Centre labellisé par l’Institut national du cancer pour les essais de phase précoce). Le centre Bérard est l’un des plus actifs en France en matière d’essais de phase précoce. « Nous avons été labellisés en 2010 par l’Institut national du cancer (INCA) pour cette activité. Cela nous a permis de monter une unité dédiée avec des lits, des médecins et des infirmières identifiés. Cette labellisation nous a aussi donné une plus grande visibilité auprès des industriels du médicament », indique le Dr Cassier.
Selon ce dernier, les essais de phase précoce ont connu une évolution depuis quelques années. « Pendant longtemps, les traitements étaient testés dans les études de phase 1 sans que leur mécanisme d’action soit connu de manière précise, chez des patients dont les cancers étaient devenu résistants aux autres médicaments de chimiothérapie. Aujourd’hui, les essais précoces ont toujours pour objectif de déterminer la sécurité d’emploi, la dose optimale, la pharmacocinétique, le schéma d’administration, la tolérance et la toxicité… C’est-à-dire tous les objectifs d’un essai de phase 1. Mais grâce aux progrès réalisés dans la connaissance de la biologie du cancer, les thérapeutiques sont de plus en plus ciblées et les études visent de plus en plus à évaluer l’efficacité en même temps que la tolérance. Cette évolution des objectifs conduit à une modification des critères de sélection des patients. », indique le Dr Cassier.
Une labellisation propice
Le développement de ces essais précoce a été favorisé ces dernières années par cette labellisation d’un certain nombre de centres par l’InCA. « Cela a permis de rassembler des forces vices et donner à cette activité une plus grande visibilité au niveau international. Mais depuis quelques temps, cet élan est un peu freiné à cause d’abord d’un contexte réglementaire très délétère. L’accident de Biotrial a conduit à un renforcement du contrôle par les agences réglementaires ce qui tend à allonger les délais d’approbation des essais, et retarde donc leur ouverture effective aux inclusions », indique le Dr Cassier.
Ce dernier souligne cependant une difficulté supplémentaire au financement des essais cliniques de phase I dans les hôpitaux privés à but non lucratif comme les Centres de Lutte contre le Cancer (CLCC) dont fait partie le CLB. « Il s’agit d’une nouvelle réglementation sur les contrats financiers de soutien à la recherche clinique entre les industriels et les hôpitaux, appelé contrat unique. Ce contrat est indexé sur les coûts hospitaliers des CHU. Mais je fais partie d’un hôpital privé participant au service public. Et toutes les charges sociales et les salaires que je verse sont indexés sur les charges sociales du privé. Et au final, je perds de facto 20% des contreparties financières que touche mon institution pour financer les essais cliniques », indique le Dr Cassier, en ajoutant que cette mesure du ministère de la santé « risque à moyen terme d’avoir une forte incidence sur notre capacité à faire de la recherche clinique ».
D’après un entretien avec le Dr Philippe Cassier, oncologue médical au CLB et coordinateur du Centre labellisé par l’Institut national du cancer pour les essais de phase précoce (CLIP2).
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