« Même si nous essayons de faire de notre mieux, la réalité est que beaucoup de gens finissent leur vie aux urgences, dans des conditions hôtelières très discutables, car aucun autre service n’est en mesure de les accueillir », déplore le Pr Pierre Michelet, chef du service des urgences de l’hôpital de la Timone à Marseille. Avec 250 patients accueillis, celui-ci estime que deux y meurent tous les jours. « Nous gérons quotidiennement un certain nombre de situations difficiles, sur le plan médical et humain ».
Les décès les plus nombreux concernent les personnes âgées. « Chaque jour, nous recevons 50 patients de plus de 75 ans, indique-t-il. En fin de vie, ils nous arrivent en dernière extrémité, à un moment où plus aucun service ne peut les prendre en charge. On essaye donc de les soulager avec des traitements de confort, en veillant à ne pas faire d’acharnement thérapeutique. Cependant, certaines familles qui vivent loin de leur parent âgé n’ont pas toujours conscience de la gravité de son état. On arrive à des situations d’apaisement, mais parfois après un long dialogue ».
La deuxième catégorie concerne des patients souffrant de maladies chroniques, principalement des cancers. « Ils arrivent aux urgences après une énième complication. Ce sont des patients en bout de course, après une troisième ou quatrième ligne de chimio. Les services d’oncologie n’ont pas les moyens, ou la place, de les prendre en charge pour cette fin de vie qui, du coup, est gérée par les urgences, sans qu’on ne connaisse vraiment l’histoire médicale de ces gens », indique le Pr Michelet.
Finalement, les patients qui vont faire une détresse vitale majeure de manière inopinée représentent le cas le moins fréquent. « Les questions de la limitation des thérapeutiques et du refus de l’acharnement thérapeutique se règlent alors dans une concertation collégiale entre urgentistes et réanimateurs », explique le Pr Michelet.Selon lui, la loi actuelle permet aux urgentistes de répondre aux besoins de patients de manière satisfaisante. « Nous pouvons refuser toute escalade thérapeutique inutile et mettre en œuvre des sédations profondes continues pour soulager les patients. À aucun moment, ne se pose la question d’une euthanasie déguisée, souligne-t-il. Et, contrairement aux services de réanimation, nous ne sommes pas confrontés au problème d’un arrêt éventuel de thérapeutiques lourdes, qui maintiennent artificiellement le patient en vie ».
Entretien avec le Pr Pierre Michelet, chef du service des urgences de l’hôpital de la Timone à Marseille
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