LE QUOTIDIEN – Quelles sont les avancées récentes dans la prise en charge du cancer du poumon du patient âgé ?
Pr ÉLISABETH QUOIX – Le progrès le plus marquant est la démonstration du bénéfice d’une bithérapie associant carboplatine et taxol hebdomadaire par rapport à la monothérapie. L’étude a été menée dans 72 centres français, chez 451 patients âgés de 70 à 89 ans, et atteints d’un cancer du poumon non à petites cellules. Les résultats montrent que la survie moyenne, de 6,2 mois avec la chimiothérapie classique, passe à 10,3 mois. Quant au taux de survie à un an, il passe de 24,5 % à 45,4 %. Ce résultat a été reconnu comme une avancée cancérologique majeure en 2010 par l’Intergroupe Francophone de Cancérologie Thoracique. Il a d’ailleurs fait l’objet d’une présentation à l’ASCO en séance plénière, tandis que l’étude a été soumise au Lancet pour publication.
Les facteurs de risque de cancer du poumon chez la personne âgée diffèrent-ils de ceux des patients plus jeunes ?
La proportion de non-fumeurs parmi les patients âgés est de l’ordre de 12-13 %, contre 5-6 % chez les patients plus jeunes. Ceci montre bien que le vieillissement est en soi un facteur de risque. Pour autant, à tout âge, le premier risque reste de très loin le tabac. Pour fixer les idées, la pollution, dont on parle beaucoup, ne pourrait expliquer qu’environ 3 % des cancers du poumon en France.
D’une manière générale, à quelles difficultés spécifiques se heurte la prise en charge d’un cancer du poumon chez un patient âgé ?
Du strict point de vue de la prescription anticancéreuse, les comorbidités, notamment sur le plan rénal, et les différents traitements pris par ces patients peuvent évidemment compliquer les choses. S’agissant de la prise en charge de la personne, par ailleurs, le performance status réalisé chez tous les patients est complété, chez les sujets âgés, par un Mini mental test et un test d’autonomie. À Strasbourg, nous disposons d’un oncogériatre, qui vient faire cette évaluation. Mais cette situation n’est pas une règle. Certains services de cancérologie se débrouillent sans compétence gériatrique particulière.
On entend souvent dire que le cancer progresse moins rapidement chez les patients âgés…
Et c’est parfaitement faux, au moins dans le cas du cancer du poumon. Il est vrai qu’il s’agit d’une croyance répandue, d’ailleurs souvent relayée par les familles ou les malades eux-mêmes. Elle procède simplement d’un certain nihilisme. La survie des patients âgés n’est pas meilleure que celle des patients plus jeunes.
D’après un entretien avec le Pr Élisabeth Quoix, CHRU de Strasbourg.
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