« De polémiques en controverses, les praticiens voient arriver des femmes porteuses de tumeurs à un stade beaucoup plus avancé, explique la Pr Carole Mathelin (CHU de Strasbourg). C'est pourquoi aujourd'hui le Collège lance une campagne d'information ». Elle est illustrée par une affiche associée à une phrase choc : « Statistiquement il paraît que le dépistage du cancer du sein ne sert pas à grand chose. Et vous, pour vos seins, qu'en pensez-vous ? »
Une confusion entre les cancers
La polémique sur le dépistage n'est pas nécessairement mal intentionnée. Mais elle est mal comprise par les patientes. Il y a un amalgame entre surdiagnostic et surtraitement éventuels de tumeurs sans aucun signe clinique d’une part, et diagnostic et traitement des cancers du sein en général d’autre part.
Du coup, des femmes présentant des signes cliniques ne viennent plus consulter, ou avec retard. Certaines pensent même que le cancer du sein peut régresser spontanément.
Cette controverse, alimentée par les réseaux sociaux, les médias, etc., est délétère. Si le bénéfice du dépistage en termes de mortalité reste discuté, le bénéfice en morbidité est indiscutable. Plus la tumeur est avancée, plus les traitements sont lourds. Pour rappel, on est à 20 % de mammectomie dans le cadre du dépistage organisé versus 30 % hors dépistage, 20 % versus 30 % de curages ganglionnaires… Sans compter le coût économique des traitements.
Toutefois, le rapport bénéfice/risque du traitement des tumeurs infracliniques in situ et peut-être de certains carcinomes tubuleux de petite taille, plutôt rares, mériterait des études cliniques dédiées. Elles ont été d'ailleurs préconisées par le ministère de la Santé après la concertation citoyenne. Et une étude multicentrique coordonnée par la Pr Catherine Uzan (Pitié Salpêtrière) est en cours sur les petites lésions frontières (hyperplasie canalaire ou lobulaire atypique ; étude Nomad).
Recul du dépistage
En Alsace, les tumeurs faisaient moins de 4 mm dans le cadre du dépistage organisé, versus 2 cm hors dépistage. Mais « le dépistage organisé recule. En Alsace on est passé de 60 % en 2013 à 52 % en 2016. Et, hors dépistage, on voit de plus en plus de tumeurs de 2 à 5 cm », déplore la Pr Mathelin. Dans le Bas Rhin, une étude attendue au Congrès de décembre, illustre cette augmentation de la taille au diagnostic. « Cette ré-augmentation de l'incidence des grosses tumeurs est retrouvée dans plusieurs autres régions. Il était donc urgent de tirer la sonnette d'alarme », conclut-elle.
D'après un entretien avec la Pr Carole Mathelin (CHU de Strasbourg)
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