La panniculite mésentérique est souvent asymptomatique et de découverte fortuite au scanner ; sinon les symptômes les plus fréquents sont des douleurs abdominales, de la fièvre et des troubles du transit (1–4). Son diagnostic est scanographique et se définit par une augmentation de la densité de la graisse mésentérique (en anglais « misty mesentery ») associée à des nodules tissulaires au sein de cette infiltration. Une pseudocapsule hyperdense qui circonscrit le mésentère inflammatoire et/ou un halo graisseux autour des vaisseaux et des nodules (appelé « fat ring sign ») peuvent aussi être présents (1,2,5,6). Les termes lipodystrophie mésentérique, PM et mésentérite sclérosante ou rétractile sont variablement employés dans la littérature. Ils désignent en fait trois types de lésions anatomopathologiques, en fonction de leur contingent graisseux, inflammatoire ou fibreux (3,7).
La PM peut être associée à un cancer et/ou à des affections bénignes abdominopelviennes ou rétropéritonéales. La littérature fait état d’une association dans 30 à 60% des cas à un processus tumoral, le plus souvent à distance, parmi lesquels, entre autres, le lymphome, le cancer gastrique, colorectal, urogénital, ou pulmonaire, le cancer du sein et le mélanome (4,6,8,9,10). Le cancer est alors situé à distance et non pas au sein de la panniculite. Cette association, bien que controversée (9), justifie un bilan initial pour éliminer une néoplasie active méconnue : scanner thoracique pour éliminer une néoplasie méconnue par le scanner abdominopelvien, examens endoscopiques en complément du scanner à la recherche d’un cancer digestif (gastroscopie et coloscopie), recherche d’un mélanome par un examen clinique cutané détaillé, d’un cancer du sein par l’examen clinique et la mammographie, et d’un cancer de prostate par l’examen clinique et le dosage des PSA. Le cancer est habituellement présent et connu avant ou lors du diagnostic de panniculite, n’incitant pas à réaliser ensuite un suivi invasif prolongé. Les autres pathologies fréquemment décrites en association avec la PM sont les pathologies aortiques, urogénitales, des antécédents de chirurgie abdominale récente, des traumatismes abdominaux, sans qu’un lien puisse être affirmé en raison de la fréquence de ces pathologies et du recours au scanner pour leur diagnostic. La PM est qualifiée d’« idiopathique » lorsque qu’aucune cause associée n’est mise en évidence4,6,8,9,10.
Le principal diagnostic différentiel est le lymphome non-hodgkinien qui se différencie par la taille et l’aspect des nodules mésentériques au scanner. La présence, au sein de l’infiltration mésentérique, de nodules mesurant plus de 10 mm de petit axe doit ainsi être considérée comme atypique pour une PM et faire craindre un lymphome non-hodgkinien (2,3,6,11). Une biopsie, le plus souvent chirurgicale par un abord cœlioscopique doit alors être envisagée.
Les formes sclérosantes (ou rétractiles) de PM sont exceptionnelles, elles représentent une entité histologique où la fibrose prédomine et sont rencontrées dans des situations d’urgence chirurgicale.
Le traitement des PM ne fait pas l’objet de consensus et ne s’adresse qu’aux formes symptomatiques. Il fait principalement appel aux corticoïdes, parfois associés à d’autres anti-inflammatoires ou immunosuppresseurs, rarement à la chirurgie, dans les formes sclérosantes compliquées (12,13).
CHRU Jean Minjoz, Besançon
(1) Wat SYJ et coll, Clin. Radiol. 2 006 ; 61 : 652 – 658.
(2) Breda Vriesman AC van et coll. Heur. Radiol. 2 004;14:2 242–2 248.
(3)Piessen G et coll. Ann. Chir. 2 006 ; 131 : 85 – 90.
(4) Daskalogiannaki M. et coll Am. J. Roentgenol. 2 000 ; 174 : 427 – 431.
(5) Horton KMet coll. Radiogr. Rev. Publ. Radiol. Soc. N. Am. Inc 2 003 ; 23 : 1 561 – 1 567.
(6) Seo BK et coll Radiology 2 003 ; 226 : 86 – 94.
(7) Emory TS et coll Am. J. Surg. Pathol. 1 997 ; 21 : 392 – 398.
(8) Wilkes A et coll Dis. Colon Rectum 2 012 ; 55 : 806 – 809.
(9) Gögebakan O et coll. Eur. J. Radiol. 2 013;82(11):1 853-9.
(10)Briquez C et coll Journées Francophones d’Hépato-gastroentérologie et d’Oncologie Digestive, Paris, 21 mars 2014. CO 74.
(11) Sabaté JM et coll Am. J. Roentgenol. 1999;172:625–629.
(12)kram S et coll. Clin. Gastroenterol. Hepatol. Off. Clin. Pract. J. Am. Gastroenterol. Assoc. 2 007 ; 5 : 589 – 596 ; quiz 523 – 524.
(13) Ginsburg PM et coll. Aliment. Pharmacol. Ther. 2 002 ; 16 : 2 115 – 2 122.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024