« Nous voulons que les Suédoises inspectent leurs seins comme elles se brossent les dents : régulièrement et machinalement. » Telle est l'ambition, résumée par Caroline Crafoord, du nouvel outil lancé en juillet dernier par la Bröstcancerföreningarnas (BRO), l'Association suédoise contre le cancer du sein.
L'idée ? Une appli smartphone conçue pour accompagner et guider les femmes dans l'auto-examen de leur poitrine. « Le but final est bien entendu d'augmenter le nombre des dépistages précoces, et ainsi les chances de survie », souligne Caroline Crafoord, qui pilote le projet Klämdagen chez BRO. En Suède, où 9 000 femmes atteintes du cancer du sein sont diagnostiquées chaque année, la maladie inquiète les autorités. Le nombre de cas progresse de 1 à 2 % par an, et touche des femmes de plus en plus jeunes. La faute à un bouleversement des modes de vie ces vingt dernières années. Les Suédoises ont moins d'enfants, elles les ont plus tardivement, et les allaitent moins : trois évolutions, parmi d'autres, qui ont ici impacté la prévalence de ce cancer. Alcool et sédentarité sont également pointés du doigt.
Des versions en arabe, tigrinya ou encore turc
En juillet, le gouvernement suédois a rendu gratuites les mammographies pour les femmes de 40 à 74 ans (l'âge médian de l'apparition de la maladie y est de 66 ans). Celles-ci se voient proposer par courrier des rendez-vous réguliers. Problème : « Toutes n'y vont pas, note Caroline Crafoord. Et quid des moins de 40 ans et des plus de 74 ans ? » La nouvelle appli, gratuite et aujourd'hui disponible en suédois et en anglais, doit justement permettre une prévention à plus large spectre. Des versions en arabe, tigrinya (Erythrée et Ethiopie) ou encore turc doivent voir le jour ces prochains mois, à destination des femmes immigrées, cible clé car traditionnellement plus éloignée du système de soin. Le fonctionnement de Klämdagen (Squeeze day, en anglais) se veut très simple, utilisable par tous. Caroline Crafoord réfute d'ailleurs d'emblée la potentielle barrière technologique : « Tout le monde a un smartphone en Suède. Je ne pense pas que le principe de l'appli puisse exclure qui que ce soit. » De fait, 96 % des 45-54 ans et 90 % des 55-65 ans, les deux classes d'âge les plus concernées par la maladie, possèdent un smartphone en Suède.
Un examen en 4 étapes
Première étape, donc, dès l'ouverture de l'appli : le réglage de « l'alarme ». L'utilisatrice, à qui l'on ne demande aucune donnée personnelle, est invitée à choisir une heure et un jour du mois. Dès lors, chaque mois, l'appli lui rappellera par une notification que c'est le moment de s'examiner. « Le cancer du sein peut se déclarer et évoluer très vite, a fortiori chez les jeunes femmes. L'auto-examen mensuel est donc recommandé. Le jour suivant le dernier jour des règles étant l'idéal, car les seins sont plus "tendres" », rappelle Caroline Crafoord. Deuxième rubrique, l'examen : quatre étapes, et à chaque fois, un schéma accompagné d'un texte bref. D'abord debout devant le miroir, les bras levés, pour observer les seins.
Vient ensuite la palpation du sein. Puis celle du mamelon. Enfin, mêmes gestes mais cette fois en position allongée. Deux autres rubriques complètent l'outil : que faire si l'utilisatrice remarque quelque chose de suspect (direction l'hôpital ou le gynéco) et quelles questions poser au médecin ; enfin, une page d'infos générales sur le cancer du sein. L'appli, dont le développement a coûté quelque 100 000 couronnes (environ 10 000 euros), a par ailleurs été dotée d'une page sur le réseau social Facebook, pour en maximiser l'écho.
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