Bientôt le futur plan de l'OMS

Un siècle pour éradiquer le cancer du col de l'utérus dans les pays en développement

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Publié le 06/02/2020
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Selon «The Lancet », il est possible, d'ici à 2120, d'éliminer le cancer du col de l'utérus dans les pays à revenus faibles et intermédiaires. Comment ? En combinant vaccination HPV, deux tests de dépistage au cours de la vie et accès au traitement. Ces conclusions donnent du grain à moudre à l'OMS, qui prépare du 3 au 8 février un plan dédié.
Vaccin et dépistage permettent d'obtenir une baisse de 97 % du nombre de nouveaux cas

Vaccin et dépistage permettent d'obtenir une baisse de 97 % du nombre de nouveaux cas
Crédit photo : Phanie

Le comité exécutif de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) va élaborer, du 3 au 8 février, un plan d'éradication du cancer du col de l'utérus dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires.

Pour ce travail, l'agence onusienne a lancé deux études, dont les résultats sont publiés dans le « Lancet ». Une telle stratégie pourrait prévenir 74 millions de nouveaux cas et 62 millions de décès au cours des 100 prochaines années.

La vaccination contre le papillomavirus (HPV), le dépistage deux fois dans la vie et une amélioration de l'accès aux traitements constituent les trois piliers de ce plan de bataille dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires.

L'analyse dirigée par la Dr Karen Canfell du Conseil national australien contre le cancer porte sur les 78 pays où les prévalences de cancer du col de l'utérus sont les plus fortes (le cancer du col de l'utérus est la cause de décès par cancer la plus fréquente dans 42 d'entre eux). L'OMS définit l'élimination du cancer du col de l'utérus par l'obtention d'une prévalence inférieure à 4/100 000. 

Plusieurs scénarios testés

La première étude (1) est une modélisation des progrès qui pourraient être faits afin d'éliminer les nouveaux cas grâce à l'introduction de la vaccination HPV ou l'amélioration de la couverture vaccinale.

Plusieurs scénarios ont été testés : un premier basé sur la vaccination des filles (en France, la recommandation de vaccination concerne désormais aussi les garçons), un autre basé sur la vaccination des filles et un dépistage une fois dans la vie, et un dernier basé sur la vaccination et un dépistage réalisé deux fois au cours de la vie.

Il en ressort que la vaccination seule pourrait réduire de 89 % le nombre de nouveaux cas, mais ne parviendrait pas à éliminer la pathologie dans les pays où la prévalence est supérieure à 25 cas pour 100 000 habitants. L’ajout d'un dépistage réalisé deux fois dans la vie des femmes permettrait en revanche d'obtenir une baisse de 97 % du nombre de nouveaux cas de cancer et d'atteindre les objectifs d'élimination dans 100 % des pays considérés d'ici à 2130.

Intégrer l'accès aux soins

« Ces résultats suggèrent que, pour éliminer le cancer du col de l'utérus avant la fin du siècle, il sera nécessaire de combiner vaccination et dépistage, surtout dans les pays ayant une forte prévalence de cancer du col de l'utérus », analyse le Pr Marc Brisson, du Centre de recherche du CHU de Québec (université Laval) et premier auteur de l'étude.

La seconde étude (2), qui complète la première, inclut les effets de l'amélioration de la prise en charge du cancer. Cette modélisation précise qu'un meilleur accès aux traitements pourrait, dès 2030 éviter 300 000 décès, soit une réduction de 34 %, s'il est couplé au dépistage et à la vaccination. En 2070, ce sont 14,6 millions de morts qui seraient évités, et 62 millions en 2120.

Selon l'ensemble de ces travaux, le futur plan de l'OMS, attendu pour le 8 février, devrait avoir pour objectif la mise en place d'une couverture vaccinale contre le HPV de 90 %, un dépistage du cancer du col de l'utérus au moins deux fois au cours de la vie pour 70 % des femmes entre 35 et 45 ans, et 90 % de femmes diagnostiquées mises sous traitement.

(1) M Brisson et al, The Lancet, DOI : https://doi.org/10.1016/S0140-6736(20)30068-4, 2020
(2) K Canfell et al, The Lancet, DOI : https://doi.org/10.1016/S0140-6736(20)30157-4, 2020

Damien Coulomb

Source : Le Quotidien du médecin