LES RÉSULTATS de l’étude ont été présentés à Pointe-à-Pitre par ses auteurs, le Pr Pascal Blanchet (CHU, université des Antilles-Guyane) et le Dr Luc Multigner (INSERM, Rennes et Pointe-à-Pitre). Ce sont les premiers à suggérer l’existence d’une relation causale entre l’exposition à un perturbateur endocrinien et le risque de survenue d’un cancer de la prostate.
Le chlordécone est un insecticide organochloré utilisé aux Antilles de 1973 à 1993 pour lutter contre le charançon du bananier. La contamination des populations par ce produit, considéré comme un perturbateur endocrinien et classé cancérogène possible pour l’homme par l’OMS, est avérée : persistant dans les sols, les eaux de rivières et les sédiments, le chlordécone se retrouve dans certaines denrées alimentaires.
Dans le cadre de l’étude cas-témoins Karuprostate (de Karukera, nom caribéen de la Guadeloupe), dont les sujets sont originaires de la Caraïbe (Guadeloupe, Martinique, Haïti, Dominique), 709 personnes nouvellement atteintes de cancer de la prostate ont été comparées à 723 autres indemnes de la maladie.
Génétique et environnement.
Cela a permis de mettre en évidence une augmentation significative du risque de cancer lorsque les concentrations sanguines en chlordécone sont supérieures à 1 µg/. Mais le risque est modulé par différents facteurs, génétiques et environnementaux (alimentation et mode de vie) : il n’est significativement augmenté que parmi les patients ayant des antécédents familiaux de cancer de la prostate et parmi ceux qui ont résidé dans un pays occidental ; et il est multiplié par 5 lorsque ces deux facteurs interviennent conjointement.
Ces résultats peuvent contribuer à expliquer la très forte prévalence du cancer de la prostate aux Antilles (50 % des cancers dépistés en Guadeloupe et en Martinique). Les auteurs de l’étude suggèrent qu’on en déduise la nécessité d’un dépistage organisé et de l’amélioration de l’offre de soins. Ils souhaitent en particulier une étude épidémiologique auprès des ouvriers agricoles qui répandaient le chlordécone au pied des bananiers.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024