LA NATURE a toujours été source de médicaments efficaces comme par exemple la pénicilline et l’aspirine ainsi que de nombreux anticancéreux. Mais il s’agit principalement de produit d’origine terrestre alors que 80% des espèces qui peuplent notre planète proviennent de la mer. C’est partant de ce constat que José Maria Fernandez Sousa-Faro a décidé de fonder, en 1986, un laboratoire pharmaceutique original : PharmaMar. L’idée de son président (également président de toutes les filiales du groupe Zeltia dont fait partie PharmaMar) a ainsi été de considérer la mer comme une source de médicaments anticancéreux et, pour la première fois, de s’y intéresser de façon systématique. L’objectif n’était donc pas d’entrer en compétition avec les grands groupes pharmaceutiques, mais, au contraire, de s’en démarquer par un style de recherches très particulier. Au fur et à mesure de la découverte de nouvelles entités chimiques, une deuxième stratégie a été adoptée par le laboratoire : n’amener au stade des essais cliniques que molécules qui avaient un mécanisme d’action nouveau.
Identification à bord.
Les premières étapes de cette recherche originale commencent par des expéditions menées dans différents océans par des experts en biologie marine, en collaboration avec des plongeurs professionnels. Des échantillons d’organismes marins sont ainsi collectés puis identifiés à bord, selon la taxonomie, avant d’être expédiés, congelés, au siège du laboratoire à Madrid. Il s’agit là d’opérations très délicates car, afin de conserver les propriétés naturelles des organismes, la chaîne du froid doit constamment être respectée. Une fois à Madrid, de petites quantités de chaque échantillon sont prélevées afin de les soumettre à différents tests biologiques permettant d’évaluer leur activité tumorale. Ensuite, après avoir déterminé leur structure chimique, les molécules ayant un potentiel anticancéreux sont alors répliquées à l’aide d’un programme de synthèse chimique. Parallèlement, des analogues des molécules sélectionnées sont synthétisés de façon à simplifier la structure chimique et d’améliorer les propriétés pharmacologiques du composé choisi.
La firme dispose ainsi aujourd’hui d’une collection comptant plus de 100 000 spécimens d’organismes marins avec, à la clé, la découverte de quelque 7 000 nouvelles entités chimiques et l’identification d’une trentaine de nouvelles familles de composés assortis d’environ 1 800 brevets accordés ou déposés. A côté de son statut de laboratoire biopharmaceutique, PharmaMar a également contribué à améliorer les connaissances concernant les écosystèmes marins ainsi que leur protection par l’intermédiaire d’un programme de bio-exploration. Les informations recueillies au cours des expéditions sont partagées avec les communautés locales et les organismes universitaires des pays situés près des mers où a lieu la prospection, apportant ainsi de nouvelles données sur les écosystèmes marins locaux.
Il faut à ce propos signaler que le laboratoire dispose d’un département spécifique qui se consacre uniquement aux expéditions et à la biologie marine et que, parmi les quelque 300 professionnels hautement qualifiés que compte le laboratoire, environ 70 % sont diplômés d’une université et 60 % d’entre eux ont un doctorat .
Six molécules à l’étude.
Les travaux de PharmaMar ont aujourd’hui abouti au développement clinique de six molécules dont une, la trabectédine (Yondelis), est commercialisée. Initialement isolée d’un tunicier marin, Ecteinascidia turbinata, elle est aujourd’hui obtenue par synthèse. Son mécanisme d’action passe par une liaison au petit sillon de l’ADN, une interaction avec les enzymes de réparation de l’ADN ainsi qu’avec les facteurs de transcription, ce qui perturbe ainsi différentes étapes du cycle cellulaire. La molécule a été approuvée par l’agence européenne du médicament (EMA) en 2007 pour le traitement des sarcomes des tissus mous avancés et en 2009 pour celui des récidives de cancer de l’ovaire, mais elle est également développée dans d’autres types de tumeur comme le cancer du sein.
Cinq autres produits anticancéreux sont également en cours de développement :
- Aplidin (plitidepsine), issu de Aplidium albicans, dans le myélome multiple et les lymphomes à cellules T ;
- Zalypsis dans le myélome multiple, les cancers de la vessie et du col de l’utérus ;
- Irvalec (elisidepsine) dans les cancers de l’œsophage ;
- le PM01183 en phase II dans le cancer métastatique du pancréas ;
- le PM060184 en phase I dans les tumeurs solides.
Il faut enfin ajouter l’existence d’un vaste portefeuille préclinique de candidats.
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