Le nombre anormalement élevé de cas de glioblastome, observé sur une période dix ans dans deux communes du département du Gard, Salindres et Rousson, n’a pour l’heure pas trouvé d’explication.
Le phénomène est en revanche pris très au sérieux par l’ARS Occitanie et Santé publique France (SPF) qui l'étudient de près à la suite d'une alerte donnée par une association de riverains et de médecins généralistes de ce bassin industriel situé au nord du département.
« Entre 2006 et 2015, neuf cas de glioblastome ont été relevés dans ces deux communes ce qui correspond à un nombre trois fois plus élevé que la moyenne départementale », a notamment expliqué Pierre Ricordeau, le directeur général de l’ARS Occitanie lors d’une conférence de presse organisée en début de semaine en présence du préfet du Gard et de SPF. Ce cancer du système nerveux central très agressif (moins de 5 % de survie à 10 ans) comptabilise 3481 cas diagnostiqués en 2018 dans l’Hexagone.
Des soupçons sur un site industriel local
« À ce jour, nous ne connaissons pas les raisons pour lesquelles ces deux communes enregistrent un nombre anormalement élevé de cas de glioblastome », relève Olivier Catelinois, épidémiologiste de SPF. Localement, les regards accusateurs se tournent immanquablement vers le site industriel centenaire logé sur la commune de Salindres. Si l’étude menée entre 2006 et 2010 auprès d’une population de 1495 habitants, a confirmé que les trois personnes atteintes d’un glioblastome survenu à un âge habituel (65 ans environ) avaient toutes travaillé sur la plateforme industrielle « les recherches sur une potentielle exposition professionnelle n’ont pas permis de conclure sur l’origine de la maladie », détaille le rapport de SPF. « L’une des hypothèses à ne pas exclure est également le hasard », fait remarquer Olivier Catelinois.
La communauté scientifique s’accorde sur le fait que les rayonnements ionisants sont des facteurs de risque avérés de glioblastomes, deux sources historiques de ce type ont été identifiées sur la plateforme chimique de Salindres. Elles servaient à réaliser des mesures industrielles. « Il s’agissait de sources scellées, dont le conditionnement empêche (en principe, ndlr) les fuites. Elles ne sont plus présentes sur site depuis 2017 », a indiqué un représentant de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
Des réponses d'ici à 2021
Autre source de contamination possible identifiée : des boues rouges, ces déchets industriels issus de la production d’alumine entre 1860 et 1984. « A priori, les 9 millions de mètres cubes concernés sont recouverts de 15 mètres de matière de confinement. Par ailleurs, les boues rouges sont connues pour présenter une radioactivité faible. Nous allons néanmoins faire des relevés sur site dans les prochains jours », a pour sa part expliqué le directeur de la Direction régional de l'environnement, de l'aménagement et du Logement (DREAL), l'administration en charge de la police de l’environnement.
Faute d’avoir identifié les causes, les recherches vont se poursuivre pour examiner la période 2015-2019. « Nous aurons des éléments quantitatifs dès 2021. Les médecins généralistes du canton sont évidemment prévenus », affirme Olivier Catelinois qui entamera dès 2022 un travail « qualitatif » auprès des familles éventuellement touchées.
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