« SELON les données Thalès, près d’un million de doses du vaccin antiHPV avaient été distribuées en France à la fin de l’année 2008. Cette donnée est encourageante, mais des efforts sont à faire car le taux de couverture de la population-cible des jeunes filles âgées de 14 ans n’est que de 25 %, alors qu’il est de près de 35 % chez les 15-17 ans », note le Pr Riethmuller. La majorité des vaccinations (79 %) se font en effet dans le cadre du rattrapage entre 15 et 23 ans, surtout entre les âges de 16 et 18 ans et ce souvent à l’issue d’une consultation gynécologique.
« Ceci peut d’ailleurs conduire à s’interroger sur la pertinence du choix de la population cible dans les recommandations françaises, alors la majorité des autres pays a opté pour un âge plus précoce, entre 11 et 13 ans. La population des 14 ans ne consulte que rarement un pédiatre ou un médecin généraliste et encore plus rarement un gynécologue et n’est donc pas une population « captive » en matière de vaccination. On peut, de même, s’interroger sur le choix fait en matière de rattrapage, les 15-23 ans représentant une vaste population alors que dans la plupart des autres pays, il n’y a soit pas de rattrapage, soit un rattrapage avant 18 ans, soit un rattrapage limité dans le temps -ce qui n’est pas le cas dans notre pays- et dans tous les cas sans référence sexuelle aucune ». Le Pr Riethmuller estime qu’il aurait été plus logique de promouvoir la vaccination entre 11 et 13 ans et, parallèlement, d’améliorer la prévention secondaire en organisant le dépistage et en y intégrant les techniques de biologie moléculaires.
Un impact individuel.
Malgré ces réserves et le caractère discutable des recommandations qui sont en outre préférentielles pour un des deux vaccins du marché –une première en France-, le bilan de la vaccination antiHPV, quelques mois après sa mise en place, est plutôt positif, en tout cas à titre individuel (le taux de couverture est en effet à ce jour trop faible pour espérer un impact majeur en termes de santé publique). Chez les jeunes filles vaccinées, le risque de cancer du col est probablement réduit de 70 à 80 %, sans oublier les bénéfices de la vaccination sur le risque d’autres cancers (vulve, vagin, anus et sans doute certains cancers des voies aériennes supérieures).
Il faut donc poursuivre les efforts d’information, notamment auprès des mères vues en consultation gynécologique et qui sont un très bon relais de l’information sur la vaccination antiHPV pour les adolescentes de 14 ans. « Cela devrait être un réflexe face à nos patientes mères de famille », estime le Pr Riethmuller. Le médecin de famille joue lui aussi un rôle important, en amont, par exemple à l’occasion d’une consultation chez un petit frère ou une petite sur.
Trois doses impérativement.
Il faut insister sur la nécessité d’une bonne observance car la protection à long terme, si elle n’imposera vraisemblablement pas la pratique d’un rappel, nécessite trois doses vaccinales. « La réalisation des injections relève de la médecine générale, mais en tant que gynécologue, il ne faut pas hésiter à proposer de les faire si besoin », souligne le Pr Riethmuller. Quant à la tolérance du vaccin, elle fait l’objet d’une surveillance très étroite, notamment par les autorités européennes (EMEA) et l’expérience accumulée à ce jour confirme le bon rapport bénéfice/risque de la vaccination.
* D’après un entretien avec le Pr Didier Riethmuller, hôpital Saint-Jacques, Besançon.
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