Si le pronostic de la majeure partie des cancers s'est amélioré en France métropolitaine sur la période 1989-2018, certaines localisations restent d'évolution défavorable, comme le poumon, le foie, l'oesophage, le pancréas, le système nerveux central, le mésothéliome de la plèvre et la leucémie aiguë myéloblastique.
Ces données, issues d'un travail collaboratif entre l'Institut national du cancer (INCa), Santé publique France, le service de biostatistiques des Hospices civils de Lyon et le réseau Francim des registres des cancers, permettent de déterminer là où les efforts doivent se poursuivre. La stratégie décennale de lutte contre les cancers prévoit ainsi, en particulier, de concentrer la recherche sur les cancers de mauvais pronostic et d'intensifier les actions en matière de prévention.
Forte variabilité selon l'âge au diagnostic
Des études de ce type ont déjà été menées en 2007, 2013 et 2016. Celle-ci apporte des éléments actualisés sur la période 2010-2015 avec des données de survie à 1, 5 et 10 ans après le diagnostic mais également, pour la première fois, à 20 ans après le diagnostic. L'étude s'appuie sur 23 registres couvrant 25 départements, soit environ 22 % de la population française. Et quelque 50 tumeurs solides et 23 hémopathies malignes ont été prises en compte.
De manière générale, les données montrent une forte variabilité de la survie* selon l'âge au diagnostic : plus il est avancé, plus il est associé à une survie faible, et ce de manière plus marquée dans les hémopathies malignes, pour lesquelles le pronostic est très favorable chez le sujet jeune. Deux exceptions néanmoins, les cancers du sein et de la prostate : la survie des jeunes est moins élevée que celle des personnes d'âge intermédiaire en raison de tumeurs plus agressives.
Pour la totalité des cancers étudiés, la survie apparaît par ailleurs moins bonne chez les hommes du fait sans doute d'une plus grande sensibilisation des femmes à la prévention et au dépistage et à une plus forte exposition des hommes aux facteurs de risque.
Cancers associés au tabac et à l'alcool, un pronostic toujours défavorable
En termes de survie nette standardisée sur l'âge à cinq ans dans les tumeurs solides, le pronostic le plus favorable concerne le cancer de la thyroïde (survie de 96 %) et le plus défavorable le glioblastome et le cancer pulmonaire à petites cellules (7 % pour les deux). Pour les hémopathies malignes, dix d'entre elles ont une survie à cinq ans supérieure à 80 %. La leucémie aiguë myéloïde a le plus mauvais pronostic (27 %).
Malgré une tendance globale à l'amélioration, certains cancers de mauvais pronostic ont conservé des survies basses à cinq ans, comme les cancers associés au tabac et à l'alcool (cancers du poumon, de l'œsophage et du foie), et ce pour les deux sexes.
Un pronostic favorable à 5 ans, une survie stable à plus long terme
Depuis 1990, l'amélioration de la survie nette la plus importante à 5 ans a été observée pour le cancer de la prostate dans les tumeurs solides, et une amélioration particulièrement importante a été rapportée pour la leucémie myéloïde chronique concernant les hémopathies. Une augmentation significative de la survie nette à 5 ans a aussi été observée pour les cancers du sein, du poumon et du côlon et du rectum.
L'amélioration globale de la survie nette pour la plupart des cancers peut s'expliquer par des diagnostics plus précoces, un meilleur ciblage thérapeutique grâce à l'amélioration des outils diagnostiques, l'arrivée de traitements innovants et une surveillance accrue des patients, notamment par le biais de la pluridisciplinarité.
Néanmoins, un recul de la survie nette à cinq ans est constaté pour le cancer de la vessie et du cancer du col de l'utérus. Pour ce dernier, un effet paradoxal du dépistage est évoqué : le nombre de cancers invasifs diminue, mais la proportion de cancers diagnostiqués à des stades avancés augmente (chez des femmes jusque-là non dépistées).
Les données de survie à 20 ans ont été obtenues chez les personnes diagnostiquées entre 1989 et 2000, âgées de moins de 75 ans au diagnostic. Globalement, pour les cancers de pronostic favorable à cinq ans, la survie nette à 20 ans reste stable à tout âge. Dans certains cancers, comme celui de la thyroïde et du corps de l'utérus, une diminution nette de la survie a été observée entre 5 et 20 ans chez les personnes âgées de 70 ans au diagnostic. Pour les hémopathies malignes de pronostic favorable à 5 ans, un recul de la survie a aussi été constaté, pour la leucémie lymphoïde chronique notamment. Les cancers de pronostic défavorable à 5 ans ont une probabilité de survie à 20 ans variant selon l'âge de 2 à 27 %.
*Cette étude s'appuie principalement sur la survie nette standardisée sur l'âge et la survie nette, qui correspond à la survie dans la situation où la seule cause de décès serait le cancer étudié.
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