IL FALLAIT trouver un moyen de proposer un dépistage du cancer du col aux femmes qui s’y refusent. Une équipe néerlandaise a eu l’idée de tester un système d’auto-dépistage fondé sur un lavage vaginal avec recherche de papillomavirus sur le liquide recueilli. Le résultat d’un essai à grande échelle apparaît tout à fait favorable. Bien sûr la présence d’un HPV justifie un dépistage plus classique par la suite.
L’objectif de l’étude mise en place par Murat Gök et coll. (Amsterdam) était de vérifier l’efficacité (découverte de CIN II et III) et la faisabilité de la méthode. Ils ont donc enrôlé 28 073 femmes entre décembre 2006 et décembre 2007. Elles n’avaient pas répondu au programme national de dépistage du cancer cervical. Parmi elles, 27 792 ont été incluses dans le groupe d’auto-prélèvement et 281 ont été convoquées chez leur généraliste pour réalisation d’un frottis.
L’autoprélèvement se faisait à l’aide d’un kit adressé aux participantes. Il permet un rinçage de la partie supérieure du vagin et du col. Le flacon contenant le liquide recueilli était ensuite adressé par la participante à un laboratoire où est effectuée une recherche des HPV 16, 18, 31, 33, 35, 39, 45, 51, 52, 56, 58, 59 et 68. En cas de résultat positif, il était conseillé aux femmes de consulter leur généraliste pour un frottis classique avec recherche d’HPV. En cas de cytologie normale, les participantes ont été à nouveau incluses dans le programme national de dépistage. Avec mise en place des protocoles classiques de surveillance et de prise en charge.
Le taux de compliance.
Qu’en est-il des résultats ? La comparaison des deux groupes, certes disproportionnés en effectifs, est statistiquement très en faveur de l’auto-dépistage. En ce qui concerne le taux de compliance, il a été de 26,6 % dans le groupe de recherche à domicile contre 16,4 % pour le dépistage chez le médecin. Le nombre de lésions classées ≥ CIN II et ≥ CIN III était respectivement de 99 (1,3 %) et 76 % (1 %).
Un intérêt de l’auto-dépistage est également montré. Parmi celles l’ayant réalisé et qui n’avaient pas participé à un programme de dépistage (43 %) le risque relatif de lésions ≥ CIN II et ≥ CIN III étaient respectivement de 2,04 et 2,28. Soit un surrisque net par rapport aux 57 % de femmes qui avaient déjà bénéficié de frottis.
Les auteurs concluent de ces données chiffrées à l’intérêt de la technique d’auto-dépistage des HPV en dépistage du cancer du col. Ils rappellent à ce propos que des études avaient été menées, fondées sur le principe, pour découvrir des anomalies cytomorphologiques cellulaires. Les résultats s’étaient montrés bien inférieurs aux données d’un frottis traditionnel. Ils constatent également chez les participantes à l’autodépistage une meilleure implication dans les protocoles de suivi ultérieurs. Elles étaient 90,4 % à consulter par la suite leur généraliste et 94,5 % à consulter pour une colposcopie.
Un biais potentiel est pourtant soulevé par Murat Gök et coll, ces femmes qui ont accepté l’autoprélèvement ne l’ont-elles fait aussi par esprit de curiosité ? Ils ne le pensent guère.
BMJ : 10.1136/bmj.c1040.
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