À l'occasion de la journée mondiale contre le cancer et dans le cadre des 8es Rencontres de l'Institut national du cancer (INCa), le président de la République a présenté ce jeudi 4 février les grands axes de la stratégie décennale 2021-2030 de lutte contre les cancers. Objectif affiché : réduire leur poids sur la santé et la vie des Français.
Après trois plans successifs de cinq ans, cette stratégie à long terme vise à consolider les progrès et à relever les défis qui persistent. « Dix ans, cela change tout : c’est de la visibilité pour tous les acteurs, des paris que l’on se permet, et donc la promesse de davantage d’innovations de rupture, de plus de transformations en profondeur », estime Emmanuel Macron. Le budget de 1,74 milliard prévu pour la période 2021-2025 (+ 20 % par rapport au plan 2014-2019) donne la part belle à la recherche, aussi bien fondamentale que clinique, avec la moitié du budget qui lui est consacrée.
Améliorer la survie des cancers de plus mauvais pronostic
La stratégie, pilotée par l'INCa, s'articule autour de quatre axes majeurs : améliorer la prévention ; réduire les séquelles et améliorer la qualité de vie des patients ; lutter contre les cancers de mauvais pronostic ; faire en sorte que les progrès bénéficient à tous.
Plusieurs objectifs chiffrés ont été annoncés en ce sens : réduire de 60 000 cas par an le nombre de cancers évitables d'ici à 2040 (le nombre de cancers évitables est aujourd’hui estimé à 153 000 par an) ; dépister un million de personnes supplémentaires par an à horizon 2025 (9 millions étant réalisés chaque année) ; réduire la proportion de patients ayant des séquelles cinq après le diagnostic à moins d’un tiers (deux tiers aujourd'hui) ; et améliorer significativement le taux de survie des cancers de plus mauvais pronostic d'ici à 2030.
Concernant la prévention, le président a reconnu la faiblesse de la France dans ce domaine, tout en saluant les efforts réalisés : « les différents plans qui se sont succédé ont permis d’avancer dans de nombreux domaines : la consommation de tabac et d’alcool, l’alimentation, l’activité physique et sportive. Notre but aujourd’hui et de consolider ces acquis et de changer d’échelle ». Et alors que le tabac est responsable chaque année de 70 000 cancers, Emmanuel Macron souhaite que « la génération qui aura 20 ans en 2030 soit la première génération sans tabac de l’Histoire récente ».
Sensibiliser les plus jeunes
Au sujet de l'alcool, deuxième cause de cancer évitable, le président a annoncé qu'« à l’image de ce que nous avons fait pour les aliments, nous donnerons des repères à la fois plus visibles et plus lisibles aux consommateurs sur chaque produit », non sans rappeler l'ancrage de l'alcool dans la tradition française. Et d'ajouter : « nous devons tout faire pour que les plus dépendants de l’alcool réduisent leur consommation ».
Une des pistes envisagées pour favoriser l'adhésion des Français aux mesures de prévention est de cibler les plus jeunes, afin « que les bonnes pratiques soient prises le plus tôt possible et qu’elles aient un effet prescripteur sur le long terme, car les comportements des jeunes d’aujourd’hui inspireront ceux des prochaines générations », explique Emmanuel Macron.
Et alors que les facteurs de risque environnementaux représentent une préoccupation majeure des Français, Thierry Breton, directeur général de l'INCa, a indiqué que des travaux de recherche étaient engagés autour de la notion d'exposome.
La lutte contre les inégalités, préoccupation majeure
Malgré les avancées ces 20 dernières années, le président de la République a aussi pointé les lacunes du dépistage, invitant à lever les réticences alors que sept personnes sur dix ne se font pas dépister pour le cancer colorectal. « Fixons-nous une priorité : que, d’ici quelques années, nous ayons déployé pour le cancer du poumon des campagnes au moins aussi efficaces que celles qui ont déjà cours pour certains cancers », a-t-il annoncé.
Concernant l'accès aux innovations, Emmanuel Macron veut simplifier et accélérer toutes les procédures, alors que « nous sommes encore trop lents ». Le gouvernement témoigne aussi de sa volonté d'investir dans les biothérapies et la santé numérique.
La lutte contre les cancers pédiatriques est aussi au cœur de la stratégie décennale. « La France ne cédera rien de son action pour faire reculer le cancer des enfants, a déclaré Emmanuel Macron. Nous devons mieux accompagner les patients pour leur permettre de suivre leurs études, de pratiquer des activités, de garder cette part aussi d’insouciance qui appartient à leur âge et qui doit être préservée même lorsque la fatalité frappe ».
La lutte contre les inégalités aussi bien territoriales que sociales est également en toile de fond de toute la stratégie. Le Pr Norbert Ifrah, président de l'INCa, a rappelé que cette lutte était un souci constant de l'Institut.
En cohérence avec la stratégie européenne
Si les axes principaux sont à l'horizon 2030, une feuille de route à cinq ans, qui fera l'objet d'un décret publié le 5 février, détaille plus de 200 mesures, parmi lesquelles 65 seront mises en place dès cette année. Soulignant la volonté d'améliorer le service rendu aux patients, Thierry Breton a notamment évoqué le développement de deux outils d'aide au parcours, l'un visant à simplifier les formalités administratives, l'autre à faciliter les échanges entre le patient et les professionnels de santé.
Le Pr Ifrah a rappelé que cette stratégie décennale était le fruit d'une large concertation avec notamment les sociétés savantes, les associations mais aussi les citoyens. Il a par ailleurs insisté sur le rôle essentiel de la recherche en sciences humaines et sociales pour parvenir à atteindre les objectifs fixés.
« Si elle est une ambition nationale, la lutte contre le cancer est aussi un combat européen », a par ailleurs souligné le président, alors que la Commission européenne a présenté le 3 février un plan européen pour vaincre le cancer, accompagné d'un budget de 4 milliards d'euros. Parmi les mesures prévues, la création d’un centre européen de connaissances sur le cancer et d’un réseau des centres de prise en charge.
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