L'Institut national du cancer (INCa) envoie dès ce 13 septembre un nouveau livret d'information aux femmes de 50 ans et plus sans sur-risque autre que l'âge, invitées au programme national de dépistage organisé du cancer du sein.
« Ce livret est le premier élément tangible du plan de rénovation du dépistage organisé, annoncé en avril 2017 par la ministre de la Santé », alors Marisol Touraine a expliqué le président de l'INCa, Norbert Ifrah. La refonte du programme de dépistage organisé lancé en 2004 s'était révélée une nécessité à l'issue des travaux d'une concertation citoyenne et scientifique, qui s'était tenue d’octobre 2015 à octobre 2016. Stagnation du taux de participation autour de 52 %, inégalités d'information et d'accès aux soins sur le territoire, controverses autour de la balance bénéfices/risques… L'enjeu est aujourd'hui « de donner aux femmes les éléments pour décider elles-mêmes de leur participation ou non » au dépistage organisé, a rappelé le Pr Ifrah.
Le même livret sur tout le territoire
Le choix a été fait de la sobriété et de la simplicité (pas d'images ni visuels), pour ces 15 pages, où chaque mot a été pesé, assure l'INCa. On distingue trois parties, la première fait le point sur les cancers du sein (leur fréquence, les chances de guérison, les facteurs de risque, et les symptômes), la deuxième porte sur le dépistage.
« L'information du livret qui sera joint au courrier d'invitation au dépistage est beaucoup plus complète que le dépliant précédent ; unique, il accompagnera la lettre d'invitation sur toute la France ; l'hétérogénéité des documents qui circulaient jusqu'alors avait fait l'objet de critiques lors de la concertation citoyenne », a précisé le Dr Jérôme Viguier, directeur du pôle santé publique et soins de l'INCa. « Il se veut très clair sur les enjeux et avantages du dépistage, mais aussi sur les risques et limites : il aborde les problèmes du faux positifs, des faux négatifs, des cancers diagnostiqués dans l'intervalle, le sur-diagnostic et le sur-traitement, et les cancers radio-induits », détaille-t-il. Mention est aussi faite du risque qu'il y a à ne pas réaliser de dépistage (détecter le cancer à un stade plus avancé, ce qui réduit les chances de guérison, et pèse sur la qualité de vie). Les sources scientifiques françaises et internationales sont précisées.
L'après-dépistage est décrit, avec deux cas de figure, selon qu'une anomalie est dépistée, ou non.
Enfin, une troisième partie intitulée « Votre décision de vous faire dépister » indique à la femme qui le souhaite la marche à suivre, laisse une page blanche pour que celle qui hésite liste ses questions, et invite celle qui ne le souhaite pas à expliciter les raisons de son choix par questionnaire à l'adresse de l'INCa.
Mieux impliquer les généralistes
Outil d'information et de prévention pour la femme, le livret se veut aussi support d'un dialogue entre la femme et son médecin traitant (qui néanmoins ne recevra pas le livret par la poste, mais pourra le télécharger sur le site de l'INCa). « Les généralistes n'avaient pas eu la place qui devait être la leur dans les dépistages précédent s ; leur implication est importante », a assuré le Pr Ifrah. Au troisième trimestre, ils devraient recevoir un document approfondi sur ces sujets, conçu avec le Collège de médecine générale, notamment pour les aider à identifier le niveau de risques des femmes.
Le plan d'actions destiné à moderniser le dépistage devrait s'étoffer ces deux prochaines années. D'ici à la fin de l'année, l'INCa diffusera un outil Web personnalisé portant sur le dépistage du cancer du sein, s'adressant aussi aux femmes aux bordures de la tranche 50-74 ans. Quant au livret d'information, il sera amendé en fonction des retours des femmes. Il devrait en outre être traduit et adapté au handicap.
Les modalités des deux consultations de prévention à 25 ans et à 50 ans qui seront proposées aux femmes en 2018 devraient être discutées lors du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) cet automne. Un guide de consultation est en cours de rédaction, en lien avec le CMG.
Chiffres du cancer du sein
54 000 nouveaux cas de cancer du sein sont détectés chaque année, dont la moitié par le programme organisé, 12 000 femmes en décèdent.
La survie à 5 ans est de 99 % pour un cancer du sein détecté à un stade précoce, et de 26 % pour un cancer métastasé. 80 % des cancers du sein se développent après 50 ans. Le taux d'incidence est en baisse de 1,5 % en moyenne entre 2005 et 2012 et le taux de de mortalité baisse aussi, de 1,5 % sur cette même période. 17 % des cancers du sein sont liés à la consommation d'alcool régulière.
25 pays européens mènent un programme de dépistage similaire, qui, selon les études internationales, permettrait d'éviter entre 15 et 21 % des décès par cancer du sein. Aucune anomalie n'est détectée chez 910 femmes sur 1 000. Un cancer est diagnostiqué chez 7 femmes sur 1 000. Pour 1 000 femmes qui réalisent un dépistage, moins de 2 développeront un cancer de l'intervalle.
Le risque de décès par cancer radio induit est de l'ordre de 1 à 10 pour 100 000 femmes ayant réalisé une mammographie tous les 2 ans pendant 10 ans.
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