Unicancer, la fédération des centres de lutte contre le cancer (CLCC), a évoqué ses enjeux et perspectives en 2023 lors de sa conférence de rentrée annuelle, qui s’est tenue en amont de la journée internationale contre le cancer du 4 février. À travers une dizaine de propositions pour réformer le mode de financement et un programme de recherche toujours ambitieux, Unicancer s’inscrit en faveur d’une meilleure égalité d’accès aux soins et à l’innovation.
L’activité d’Unicancer a progressé de plus de 11 % entre 2019 et 2022. « Cela nécessite que nous soyons renforcés », commente le Pr Jean-Yves Blay, président d’Unicancer, car parallèlement la situation financière des centres se dégrade. « C’est en partie dû à l’inflation, responsable d’un surcroît de dépenses de 24 millions d’euros en 2022, l’aide octroyée face à la situation économique étant de 17,5 millions d’euros », explique Sophie Beaupère, déléguée générale d’Unicancer.
Plus globalement, « il faut développer des modalités de financement qui permettent de répondre aux évolutions scientifiques et médicales, explique Sophie Beaupère. Le système de tarification à l’activité (T2A) est à bout de souffle. »
Davantage d’égalité entre CLCC et hôpital public
Fin 2022, Unicancer a donc formulé onze propositions au Conseil national de la refondation (CNR), dans le cadre de la conférence des parties prenantes sur la réforme de la T2A. « Une de nos premières propositions soutient davantage d’équité de traitement entre les CLCC et l’hôpital public : nous préconisons de supprimer le coefficient de minoration (de -1,6 %) qui pèse sur les tarifs des CLCC et des établissements de santé privés d'intérêt collectif (Espic) et donc sur leur situation financière », annonce Sophie Beaupère.
« La réforme doit aussi se pencher sur l’accompagnement financier de nos établissements », plaide la déléguée générale. En effet, concernant les investissements, les CLCC ont bénéficié de 0,44 % de l’enveloppe nationale alors qu’ils représentent 2,8 % de l’activité T2A totale.
« Concernant les ressources humaines, nous saluons la transposition de la prime de soin critique aux Espic et aux CLCC, poursuit Sophie Beaupère. Mais nous déplorons l’absence de transposition d’autres mesures majeures (heures supplémentaires, gardes). Nous appelons donc à une ouverture de discussion rapide sur ces sujets, pour donner des signes favorables à nos professionnels. »
Diversifier les modalités de financement
La fédération suggère également de panacher les différentes modalités de financement. « Il faut parfois conserver une tarification à l’activité (imagerie, médecine nucléaire, chirurgie), mais de façon équitable, transparente, lisible et évaluable. Davantage qu’un système généralisé de dotation populationnelle, il est également indispensable de développer de nouveaux financements au parcours, par des forfaits adaptés aux pathologies chroniques comme le cancer », ajoute Sophie Beaupère.
Ainsi, un forfait pourrait être déployé pour la radiothérapie, le développement de soins de support, ou la prévention (sur la base d’appels à projets nationaux). « Nous préconisons aussi un développement du financement à la qualité et à la pertinence des actes, intégrant la mesure de la valeur des soins par les patients eux-mêmes », précise la déléguée.
Favoriser l’accès aux traitements et à l’innovation
Unicancer a également évoqué ses inquiétudes sur une autre de ses priorités, la prise en charge des cancers en hospitalisation à domicile (HAD), et notamment concernant le risque de radiation de molécules onéreuses. La fédération appelle à une consultation avant d’en arriver à cette situation.
De plus, la généralisation de certaines innovations en cours, comme les chimiothérapies orales à domicile, fait partie des mesures proposées. « Quant aux tests génétiques et moléculaires, les modalités de financement doivent être révisées compte tenu aujourd’hui des inégalités d’accès territoriales », souligne Sophie Beaupère. Outre les soins, « une autre équité majeure est l’accès à l’innovation, insiste le Pr Blay. C’est une de nos missions, pour laquelle nous avons aussi besoin de l’aide des pouvoirs publics. »
Et la recherche ?
Avec 700 essais en cours et plusieurs milliers de patients inclus chaque année, Unicancer place la recherche au cœur de ses priorités. Les axes privilégiés sont : la médecine de précision, les cancers délaissés par l’industrie pharmaceutique, les tumeurs de pronostic défavorable, la prévention et la résistance thérapeutique.
La recherche sur les données de santé est également essentielle. « Nous avons une direction des data et partenariats, qui développent des programmes de recherche dans ce domaine - tels que Esme, Onco Data Hub, WeShare, Unibase - dans différents cancers (sein, poumon, ovaires) », met en avant le Pr Blay. Un « entrepôt » de données de santé relatives à l’oncologie est aussi en développement.
D’après la conférence de presse Unicancer, le 1er février 2023
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