AVEC 49 800 femmes atteintes chaque année, le cancer du sein est le plus fréquent des cancers féminins en France. Il représente près de 36 % des cancers féminins et atteint majoritairement des femmes jeunes et actives (la moitié à moins de 61 ans au moment du diagnostic) qui sont donc très touchées dans leur féminité.
L’Institut Curie avec la société Simone Pérèle étudient l’impact du cancer du sein sur la sexualité. Selon les premiers résultats de l’enquête, les femmes demeurent actives sexuellement dans une proportion variant de 58 à 65 %.
La féminité est touchée de multiples manières par la prise en charge médico-chirurgicale du cancer.
Tout d’abord, les personnes en cours de traitement ont un sentiment de fatigue important : elles se sentent souvent épuisées, ce qui peut être à l’origine d’une perte d’intérêt pour l’activité sexuelle. De plus, l’anxiété persistante en relation avec le diagnostic de cancer et le risque de récidive peut parfois étouffer tout désir de reprise de relations intimes.
L’image corporelle est atteinte.
La chirurgie peut être traumatisante et change l’image corporelle de la patiente qu’il s’agisse d’une tumorectomie ou d’une mastectomie.
L’intervention chirurgicale a des répercussions dans la vie relationnelle, intime et sexuelle. « Cependant, il n’y a aucune règle : telle femme vivra sa sexualité plus épanouie après mastectomie et reconstruction secondaire que telle autre après simple tumorectomie qui sera une immense source d’inquiétude », précise le Dr Pascale This (gynéco-endocrinologue à l’Institut Curie).
Tout dépend de la façon dont la femme perçoit sa maladie.
Mais globalement chez certaines femmes, le cancer du sein peut avoir un effet délétère sur la sexualité.
Les conséquences de la chirurgie (rétractions cutanées, modifications de couleur, perte de sensibilité, possible douleur chronique…) peuvent être gênantes.
« La chirurgie de reconstruction va permettre à la femme de retrouver des repères par rapport à son image corporelle, mais cette reconstruction mammaire n’est pas toujours techniquement réalisable dans le même temps et est généralement différée à plus d’un an », souligne le Dr Pascale This.
Le lymphœdème conséquence du curage axillaire peut aussi perturber la femme. Cependant, actuellement, les indications de curage axillaire sont plus limitées, puisque celui-ci est souvent remplacé par une étude du ganglion sentinelle.
Les sensations de brûlure, effets secondaires possibles mais rares de la radiothérapie peuvent être difficiles à supporter.
L’aide des psycho-oncologues et esthéticiennes.
« Mais plus que la chirurgie, les études montrent que c’est la chimiothérapie avec tous ses effets secondaires qui est difficile à vivre pour les femmes », déclare le Dr Pascale This. « La chute des cheveux est une épreuve, même si les patientes sont prévenues. » L’image de l’identité féminine est altérée par la perte des cheveux.
Pour redonner confiance aux femmes dont le visage et le corps ont été modifiés, le port d’une perruque, les massages, les soins de beauté et de maquillage (dermopigmentation des sourcils…) constituent une aide importante pour surmonter tous ces changements.
« Des psycho-oncologues peuvent intervenir à toutes les phases de la maladie en consultation individuelle ou en groupe (groupe de relaxation, de soutien et d’information…) », ajoute le Dr Pascale This.
Les femmes sous chimiothérapie ont des problèmes rendant la vie intime difficile (sécheresse vaginale, bouffées de chaleur, baisse de la libido…), celles qui reçoivent du tamoxifène ou des inhibiteurs de l’aromatase ressentent également des effets secondaires. Ainsi, les anti-aromatases, anti-estrogènes puissants induisent une carence estrogénique profonde avec les symptômes classiques de la ménopause : bouffées de chaleur, sécheresse vaginale, chute de libido, dyspareunie, douleurs articulaires…
Pour lutter contre les bouffées de chaleur, les moyens sont limités : l’hypnose semble intéressante. L’usage de lubrifiants pour remédier à la sécheresse vaginale est conseillé.
Chez les femmes jeunes (35-45 ans), ces problèmes sont encore exacerbés, la chimiothérapie provoquant une insuffisance ovarienne voire une ménopause précoce, très mal vécue qui interfère souvent de façon menaçante sur la fécondité. Il n’a pas été décelé d’augmentation du taux de malformation fœtale après chimiothérapie ou radiothérapie et les grossesses n’augmentent pas le risque de récidive. Il faut cependant attendre, pour celles qui ont gardé une fonction ovarienne satisfaisante, au moins trois ans après la fin du traitement pour mettre en route une grossesse.
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