Un entretien avec Alessandro Riva

Recherche en oncologie : Novartis cible les cancers rares

Publié le 29/06/2011
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Crédit photo : PHANIE

LE QUOTIDIEN - Novartis est un leader mondial en oncologie. En quoi votre laboratoire se distingue-t-il ?

ALESSANDRO RIVA - Il est incontestable que Glivec a marqué un tournant dans la stratégie de Novartis Oncologie. Dès lors, nous avons décidé de donner la priorité aux cancers rares pour lesquels on dispose de réponses thérapeutiques très imparfaites ; un choix qui n’est pas purement altruiste car une molécule dédiée à une maladie rare peut fort bien traiter d’autres pathologies.

D’autant que la recherche est désormais passée d’un ciblage d’organe au ciblage moléculaire de signalisation, l’anomalie découverte pouvant concerner plusieurs types de cancers. Dans le prolongement de l’histoire de Glivec nous donnons la priorité aux mutations génétiques pour rechercher des cibles nouvelles, en sachant que ce type de recherche doit prendre en compte le microenvironnement des gènes.

Quel est le bilan de cette stratégie ?

La meilleure réponse à cette question est la qualité de notre pipeline avec une quinzaine de molécules en développement précoce et surtout 7 molécules innovantes faisant l’objet de 20 essais pivots de phases IIb et III, cela dans des indications multiples.

À ce sujet, je dois souligner que la stratégie de Novartis nous permet de développer simultanément toutes les applications potentielles d’une même molécule, le meilleur exemple étant celui de l’everolimus (Afinitor) avec pas moins de 9 pistes explorées (programme Wide) pour cet inhibiteur de mTor : cancer du rein, cancer du sein, cancer de l’estomac, carcinome hépatocellulaire, tumeurs neuroendocrines du tube digestif… sans oublier la sclérose tubéreuse de Bourneville…

Une stratégie coûteuse…

Oui sur le papier mais il faut souligner que les pistes ouvertes ont fait l’objet d’études précliniques très poussées, ce qui fait que nous avons un coefficient d’attrition très faible. Par ailleurs, le développement indication par indication aboutit, par le jeu de la concurrence, à la limitation du champ d’application de nombreuses molécules. Nous avons tous en tête plusieurs exemples. D’une façon plus générale, je veux affirmer que nous avons une grande chance chez Novartis : nous pouvons réfléchir à de nouvelles voies de recherche sans penser aux objectifs économiques et même à certains obstacles réglementaires. Bien sûr, ces dimensions arrivent plus tard, quand il s’agit d’investir massivement pour un développement pré-industriel.

Une démarche qui est bien illustrée par nos recherches sur le développement et associations de deux nouvelles molécules dont les cibles apparaissent complémentaires. Une démarche qui n’est pas pour l’instant admise pour les tutelles mais nous étudions les moyens de faire évoluer les choses dans ce domaine ; bien sûr dans des cas très précis où nous disposons d’un rationnel scientifique très solide.

Quelle est la place de la France dans votre stratégie ?

Si la recherche est essentiellement centrée aux États-Unis, à Boston, et aussi en Chine, la France occupe une place privilégiée dans le développement clinique avec de très nombreuses collaborations avec des équipes françaises. D’ailleurs Novartis oncologie vient d’ouvrir un centre regroupant une trentaine de personnes et dont l’objectif est de renforcer les collaborations avec vos équipes de recherches dont la valeur est reconnue dans le monde entier.

(1) Directeur de la Recherche Novartis Oncology.

Propos recueillis par le Dr ALAIN MARIÉ

Source : Le Quotidien du Médecin: 8991