Dans la lutte contre le cancer du col de l’utérus, la prévention par la vaccination contre les papillomavirus humains (HPV) et le dépistage progressent, mais les couvertures restent insuffisantes, encore éloignées des objectifs européens et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et marquées par des inégalités territoriales, socio-économiques et culturelles, rapportent deux études de Santé publique France (SPF).
Côté dépistage, si l’instauration en 2018 d’un programme national, effectif en 2019, n’a permis qu’une légère progression de la couverture globale, ce dépistage organisé a contribué à réduire certaines disparités, en améliorant l’accès des femmes de 60 à 65 ans, lit-on dans le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).
Le programme national de dépistage du cancer du col de l’utérus (PNDOCCU) cible les femmes âgées de 25 à 65 ans. Sur la période 2015-2017, le taux de couverture triennal atteignait 57,9 % des femmes concernées. Avec le PNDOCCU, qui comprend des invitations et relances, l’objectif est d’atteindre un taux de couverture de 80 %.
Un accès au dépistage amélioré chez les 60/65 ans
Mais, sur la période 2020-2022, ce taux ne dépasse pas 59,3 %. Dans le détail, 52,4 % de la population cible a réalisé un dépistage spontané et 6,9 % un dépistage sur invitation, « soit une augmentation globale de 1,4 point de pourcentage », est-il souligné. La « montée en charge » du programme s’est ainsi accompagnée « d’un recul » du dépistage spontané, mais il a amélioré l’accès des femmes plus âgées. Chez les 60-65 ans, les taux de couverture ont progressé de 43,6% (2015-2017) à 46,9% (2020-2022).
Malgré ces avancées, le PNDOCCU « ne parvient pas encore à combler complètement » les disparités, notamment territoriales. Si la plupart des régions ont connu une hausse du recours au dépistage, un recul est observé dans certaines. C’est le cas de l’Île-de-France (-2,6 %), la Guyane (-10,7 %), Mayotte (-2,7 %) et Provence-Alpes-Côte d’Azur (-3,2 %). « Une analyse approfondie des facteurs à l’origine de ces disparités régionales est nécessaire pour ajuster les stratégies locales et maximiser l’efficacité du programme national », est-il préconisé.
Des « freins culturels » à la vaccination moins marqués depuis l’extension aux garçons
Côté prévention, la vaccination HPV, recommandée et remboursée depuis 2007 pour les adolescentes, a été étendue aux garçons en 2021, avec un rattrapage possible entre 15 et 19 ans. Depuis l’an dernier, une campagne de vaccination a été lancée auprès des élèves de 5e, sous réserve d'une autorisation de leurs deux parents, dans tous les collèges publics et les établissements privés volontaires.
Dans ce contexte, la couverture vaccinale est en « constante progression ». En 2023, elle atteint 54,6 % pour au moins une dose chez les filles de 15 ans (+6,8 points par rapport à 2022, +8,8 par rapport à 2021) et à 44,7 % pour deux doses chez celles âgées de 16 ans (+3,2 points et +7,2 respectivement). Elle est plus faible dans le Sud et dans les Drom.
Au-delà des disparités territoriales couplées aux inégalités socio-économiques, SPF pointe également des « freins culturels, notamment autour de la sexualité », qui peuvent « constituer une barrière importante à l’acceptation ». Mais la « désexualisation » de la vaccination liée à son extension aux garçons a pu contribuer à une augmentation de la couverture, est-il avancé.
La vaccination en milieu scolaire reste par ailleurs à évaluer, et ce premier bilan « pourra nourrir les réflexions sur la réduction des inégalités », estime SPF. Mais d’ores et déjà, le projet de recherche interventionnelle (projet PrevHPV) décrit une augmentation de la couverture plus importante dans les zones les moins couvertes en médecins par rapport aux zones mieux dotées (+8,6 points versus +2,1 points), grâce à la vaccination au collège.
Pour lever les freins au dépistage et à la vaccination, l’Institut national du cancer (Inca) a mis en ligne un nouveau site, cancer.fr, qui offre un accès à des informations sourcées aussi bien aux patients et leurs proches qu’aux professionnels de santé.
Cancer colorectal et du sein : quelle couverture avec le dépistage individuel ?
La participation au programme national de dépistage organisé du cancer du sein (PNDOCS) n’est que d’environ 50 %, loin de la recommandation européenne de 70 %. Mais, en 2021-2022, la couverture atteint 60 % de la cible (contre 62% en 2016-2017) quand est pris en compte le dépistage hors PNDOCS. La part du hors programme dans l’ensemble des dépistages est passée de 17 % en 2016-2017 à 18 % en 2021-2022. Le PNDOCS est pourtant « plus performant », estime SPF, en raison notamment de la seconde lecture des mammographies.
Du côté du cancer colorectal, la participation au dépistage organisé (PNDOCCR) reste également en deçà des recommandations européennes (45 %), avec 34,3 % en 2022. Mais la pratique d’exploration endoscopique permet « à un certain nombre de personnes d’être couvertes par une modalité de dépistage », est-il relevé. Le taux de couverture globale atteint ainsi 48 %.
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