L’ONCOGÉRIATRIE vise à assurer à tout patient âgé une prise en charge adaptée grâce à une collaboration active entre oncologues, gériatres et médecins généralistes. Le 11e Congrès annuel de la Société internationale d’oncogériatrie( SIOG), qui s’est récemment tenu à Paris, a souligné l’importance de cette discipline, sachant qu’actuellement 30 % des cancers surviennent chez des personnes de plus de 75 ans. Ce pourcentage ira en croissant, l’incidence du cancer augmentant avec l’âge et l’espérance de vie s’allongeant. Le plan Cancer 2009-2013 a, du reste, mis en avant l’importance d’améliorer la prise en charge des personnes âgées atteintes d’un cancer. La France est ainsi très présente, très active dans cette discipline, notamment grâce aux unités de coordination en oncogériatrie (UCOG), qui sont validées par l’Institut du cancer (INCa), telle celle animée par l’Institut Curie avec l’hôpital européen Georges-Pompidou (Dr Étienne Brain et Pr Olivier Saint-Jean).
La prise en charge d’une personne âgée atteinte d’un cancer est plus complexe que celle d’un sujet plus jeune atteinte d’une maladie identique. Avec le vieillissement, il est important de traiter mais les traitements doivent être adaptés aux comorbidités, à l’environnement du sujet (isolé ou bien entouré), à l’existence ou non de troubles des fonctions supérieures. L’oncogériatrie réintroduit l’écoute clinique, l’angle sémiologique. D’où l’importance de l’évaluation gériatrique, à travers des questionnaires validés, pour apprécier la qualité de vie des patients, pour anticiper d’éventuelles décompensations de maladies chroniques, pour anticiper la toxicité des traitements
Chez les personnes âgées, il s’agit de contrôler le mieux possible la maladie tout en préservant la qualité de vie. « Une quantité de vie de qualité est ce qu’il y a de plus important à préserver », souligne le Dr Étienne Brain. L’objectif des traitements anticancéreux des personnes âgées est une longue survie sans inconfort, « vivre aussi bien que possible avec le cancer ». Cet objectif implique le développement des protocoles de traitements adaptés spécifiquement définis selon les caractéristiques des patients âgés. Pour exemple, en radiothérapie des séances hebdomadaires qui peuvent entraîner des complications tardives chez les personnes plus jeunes, peuvent être réalisées chez les personnes âgées. Les risques d’effets secondaires à long terme sont faibles, l’espérance de vie étant limitée. En outre, ces séances plus espacées limitent les allers-retours, donc une fatigue supplémentaire de la personne malade. La chimiothérapie, dont les effets bénéfiques comme les effets secondaires sont très sensibles selon la dose utilisée, est souvent considérée à risque chez le sujet âgé : l’apparition de traitements « ciblés » moins toxiques a modifié cette approche.
Les oubliés de la recherche.
La recherche clinique s’oriente vers le développement de protocoles de traitements adaptés spécifiques à cette population âgée. L’inclusion d’au moins 5 % de patients âgés dans les essais cliniques est inscrit dans le plan Cancer 2009-2013 (ces patients étant jusqu’à présent exclus). Un important programme hospitalier de recherche clinique (PHRC promu par UNICANCER) se met en place sur une quarantaine de sites, incluant près de 2 000 patientes de plus de 70 ans présentant un cancer du sein. Après un test pronostique basé sur l’étude des gènes de leur tumeur, on va comparer deux types de traitement (chimiothérapie et hormonothérapie) et observer l’impact des traitements sur des paramètres biologiques du vieillissement (télomères, biomarqueurs…)
La réflexion doit également s’étendre au diagnostic et au dépistage des cancers. Ils sont encore très souvent diagnostiqués à un stade très avancé, plus avancé que pour l’ensemble de la population. Sur ce dernier point le rôle des médecins généralistes est capital.
Conférence de presse organisée à l’Institut Curie, avec le Dr Étienne Brain (oncologue, président du congrès de la SIOG) et du Dr Florence Rollot, gériatre.
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