La prise en charge du cancer chez le sujet âgé pose deux problèmes majeurs. Cette population est, en effet, très hétérogène. Elle comprend 30 % de patients robustes (sans troubles des fonctions supérieures et avec peu de comorbidités) pour lesquels le protocole oncologique proposé est le même que celui de l'adulte jeune. Cette population est, par ailleurs, constituée de patients vulnérables présentant des comorbidités importantes et/ou des syndromes gériatriques, une perte d'autonomie et/ou un environnement social défavorable. Tous ces facteurs peuvent conduire à une augmentation de la toxicité du traitement ou à la non-faisabilité de celui-ci. Enfin, parmi les patients âgés atteints de cancer, certains sont particulièrement fragiles (comorbidités graves, troubles cognitifs avancés…). « Pour cette troisième catégorie de population, nous nous posons la question de l'intérêt de traiter (ou non) le cancer », souligne la Pr Elena Paillaud (hôpital Henri-Mondor Créteil).
Le rôle essentiel du gériatre
Deuxième problème : tous les essais thérapeutiques réalisés dans le domaine du cancer concernent les adultes jeunes. « Nous avons donc peu de données scientifiques confirmant la réponse du sujet âgé et la tolérance au traitement oncologique que nous lui proposons. Dans ces conditions, l'oncologue procède à un test de dépistage de la fragilité du patient âgé en 8 questions (test du G8) », précise la Pr Paillaud. Si ce test est positif (patient vulnérable ou fragile), l'oncologue adresse celui-ci au gériatre pour une évaluation gériatrique (complète et approfondie). « À la suite de cette évaluation, le gériatre peut émettre des recommandations à l'oncologue et donner une idée de la tolérance au traitement », indique la Pr Paillaud.
Les patients âgés fragiles peuvent, par ailleurs, bénéficier d'un suivi gériatrique durant toute la période du traitement oncologique. Par ce biais, le gériatre donne des recommandations à l'oncologue, de façon régulière, pour diminuer la toxicité du traitement et favoriser sa bonne tolérance. Ce modèle de soin impliquant une collaboration entre l'oncologue et le gériatre peut s'effectuer à tout moment. En effet, un patient âgé jugé robuste peut révéler une vulnérabilité lors d'un traitement de chimiothérapie, par exemple. Dans ce cas, le gériatre intervient pour réévaluer la tolérance du traitement et les domaines de vulnérabilité du patient.
D’après un entretien avec la Pr Elena Paillaud, hôpital Henri Mondor Créteil
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