LA RADIOLOGIE INTERVENTIONNELLE des tumeurs hépatiques a connu depuis une dizaine d’années un véritable essor. Nous disposons désormais de deux principaux types de traitements, menés soit par voie intra-artérielle comme la chimio-embolisation, soit par voie percutanée et fondés sur la thermodestruction de la tumeur, le plus souvent par radiofréquence ou par micro-ondes.
Les techniques endo-artérielles ont bénéficié de nombreux progrès avec le développement de différents agents, notamment des emboles chargés de chimiothérapie ou d’agents tumoricides émetteurs de particules bêta moins (yttrium 90), qui permettent de délivrer une radiothérapie interne ciblée. D’autres techniques, comme les ultrasons focalisés ou l’électroporation, sont en évaluation et ne sont pas encore validées pour une utilisation en clinique.
Trois grandes indications.
Les traitements endo-artériels et percutanés ont aujourd’hui trois grandes indications. Tout d’abord le carcinome hépatocellulaire (CHC), où les techniques de thermodestruction sont au premier plan pour les tumeurs de moins de 3 cm. Dans ce contexte, chez les patients cirrhotiques (80 % des cas), la thermodestruction a fait la preuve de son efficacité comparable à celle de la chirurgie mais au prix d’une moindre morbimortalité. Dans les CHC plus évolués, thermodestruction et traitements endo-artériels sont associés, avec la possibilité dans les CHC multifocaux de réaliser une chimio-embolisation intra-artérielle hépatique. Enfin, dans les formes très évoluées pouvant s’étendre aux veines portes, la radio-embolisation fait l’objet de protocoles d’études.
Dans les métastases de cancers colorectaux, la thermodestruction est proposée en alternative à la chirurgie si cette dernière est contre-indiquée ou en association à celle-ci. Les traitements endo-artériels sont aujourd’hui de plus en plus réalisés chez des patients plus évolués, en situation palliative après échec des chimiothérapies systémiques, avec une chimiothérapie simple ou des emboles chargés à l’irinotécan ou à l’yttrium 90 ; ils peuvent aussi être proposés en adjuvant après chirurgie lorsque le risque de récidive est élevé.
Dans les autres métastases, les données les plus pertinentes concernent les tumeurs endocrines, où la chimio-embolisation est recommandée chez les patients symptomatiques et/ou évolutifs. Elle constitue par ailleurs le traitement de référence des métastases de mélanome choroïdien, où elle permet une augmentation de la survie.
Les techniques de radiologie interventionnelle sont également très utilisées dans le diagnostic des tumeurs hépatiques comme dans la préparation à la chirurgie, afin de faire bénéficier le patient d’un geste chirurgical curatif. « Ces techniques de radiologie interventionnelle onco-hépatiques s’inscrivent en complémentarité de la chirurgie, différentes approches radiologiques et chirurgicales pouvant être combinées dans le but d’accroître la survie globale du patient. Il s’agit d’une prise en charge pluridisciplinaire, reposant sur une collaboration étroite entre les différents acteurs, dont témoignent les échanges quotidiens entre chirurgiens hépatiques, oncologues et radiologues », souligne le Pr Chevallier.
Entretien avec le Pr Patrick Chevallier, service d’imagerie digestive diagnostique et interventionnelle, hôpital de l’Archet, CHU, Nice.
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