Depuis son accession fin juin à la présidence de l’Institut national du cancer (INCa), le Pr Norbert Ifrah ne s’est quasiment pas exprimé dans les médias sur ses priorités d’actions. C’est donc avec un certain intérêt qu’on attendait sa prise de parole, lors d’une conférence de presse organisée début février juste avant la Journée mondiale de la lutte contre le cancer. L’occasion d’abord pour l'INCa de rappeler les principales données chiffrées sur le cancer. En 2015, on estime que 385 000 nouveaux cas de la maladie ont été recensés en France métropolitaine. Chez les hommes, on a dénombré 211 000 nouveaux cas, majoritairement des cancers de la prostate, du poumon et du côlon-rectum. Chez les femmes, l’estimation est de 174 000 nouveaux cas. « Le cancer du sein reste de loin le plus fréquent devant les cancers du côlon-rectum et du poumon », souligne l'INCa. Le nombre de décès en 2015 est estimé à 149 500 en France métropolitaine : 84 000 chez les hommes et 65 000 chez les femmes. Le taux de mortalité, entre 1980 et 2012, est en baisse de 1,5 % par an chez les hommes et de 1 % par an chez les femmes.
Des plateformes de génétique moléculaire en pleine évolution
Dans son intervention, le Pr Ifrah a notamment tenu à évoquer les plateformes de génétique moléculaire. Au nombre de 28 en France, elles ont réalisé en 2015, 121 000 tests pour 76 000 patients. « Tout cancérologue, qui estime que son malade a une tumeur qui mérite d’être regardée, peut l’envoyer à une plateforme. Elle sera analysée gratuitement et la réponse sera adressée dans le temps dont un médecin a besoin pour assurer la prise en charge diagnostique de son patient », a indiqué le Pr Ifrah, en ajoutant que ces plateformes sont en train d’évoluer. « Elles sont complémentaires du plan génomique 2025 (lancé par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale [Inserm]). Nous prévoyons de faire travailler ces plateformes sur l’ensemble des problématiques de la cellule tumorale, de la niche ou du micro-environnement à l’immunité en passant par la recherche de zones cibles pour lesquelles on dispose d’un médicament », a souligné le président de l'INCa.
Favoriser l'AcSé et soutenir Iset
Le Pr Ifrah a ensuite évoqué le programme Accès sécurisé à des thérapies ciblées innovantes (AcSé) lancé par l'Institut en juin 2013 avec l'accord de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Ce programme vise à proposer et sécuriser l'accès hors autorisation de mise sur le marché (AMM) à des thérapies ciblées pour lesquelles une indication existe déjà dans un autre organe. Ces traitements sont étudiés dans le cadre d'essais cliniques de phase 2 ouverts à des patients, adultes et enfants, atteints d'un cancer et en situation d'échec thérapeutique, et dont la tumeur présente une altération génétique ciblée par le médicament. « Nous sommes dans une logique de lutte contre les inégalités. Le principe est de repérer, sur le plan moléculaire et immunologique, des tumeurs porteuses d’une anomalie cible et de voir s’il n’existe pas un médicament, ayant eu une AMM pour un autre cancer, qui pourrait être efficace contre cette cible, a précisé le Pr Ifrah. Nous avons déjà sélectionné des milliers de malades et testé 300 personnes environ dont 17 enfants, a-t-il ajouté. Ce programme AcSé est mené avec le soutien de nos partenaires, en particulier la Ligue contre le cancer, l’ARC et, pour les cancers pédiatriques, l’association Imagine for Margo. Nous avons aussi embarqué avec nous les laboratoires qui fournissent les molécules. Et cela n’a pas été rien pour la négociation ».
Le Pr Ifrah a aussi répondu à une question sur le test de diagnostic de cytopathologie sanguine ISET qui vise à identifier très précocement le risque de développement des métastases. « INCa soutient ce projet de recherche mené depuis une petite dizaine d’années avec un financement de 1,6 million d’euros (…) Il y a environ 90 publications sur le sujet, de niveau variable. Quelques-unes de ces publications montrent à la fois l’intérêt et les limites de ce dispositif qui, aujourd’hui, en termes de diagnostic clinique, manque clairement d’évaluation. Il faut donc laisser à ce modèle le temps, d’être évalué, non seulement sur le plan fondamental mais aussi sur le plan clinique. Et si vous me demandez si je pense que la communication qui a été faite a été un peu prématurée, j’aurais tendance à vous suivre », a indiqué le président de l'INCa tout en jugeant qu’il s’agit d’une « piste intéressante ».
D’après une conférence de presse organisée le 2 février par l’INCa
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