VINGT LIGUES contre le cancer ont répondu à l’invitation de l’association française présidée par Jacqueline Godet. Un sommet parisien qui a permis de croiser d’inquiétantes statistiques, alors que le mois dernier une analyse publiée par le centre hospitalier universitaire vaudois de Lausanne estimait que la mortalité liée au cancer allait probablement baisser dès cette année au sein de l’Union européenne. Ce n’est manifestement pas le cas du cancer du pancréas ni surtout du poumon. L’association des ligues européennes contre le cancer annonce que 3,4 millions de cancers continuent être diagnostiqués chaque année en Europe faisant 1,8 million de décès. « Il est temps que les acteurs de lutte contre le cancer à l’échelle européenne s’organisent pour réagir collectivement et faire mentir ces chiffres », lance Maja Primic Zakelj, présidente de l’association à l’échelle de l’Union européenne en déplorant que le cancer soit devenu la première cause de mortalité dans 19 pays. Pourtant, elle souligne le succès des campagnes de prévention qui permettent de gagner du terrain face à la maladie notamment dans le cancer du sein, dont l’incidence fléchie un peu partout en Europe à l’exception de la Pologne. La ligue européenne maintient que les actions de prévention peuvent encore faire globalement diminuer la mortalité par cancer de 30 % dans l’Union européenne.
La révision de la directive stoppée nette.
Pr Freddie Bray, de l’agence internationale de recherche contre le cancer tire pourtant la sonnette d’alarme face aux très mauvais chiffres dans le cancer du poumon. « Avec 650 000 victimes chaque année selon l’OMS, l’Europe détient un triste record » ,s’exclame-t-il. Le Pr Albert Hirsh, vice-président de la Ligue française, estime aussi que le cancer du poumon devrait bientôt faire plus de victimes que celui du sein chez la femme à horizon de trois à cinq ans maximum. « Nous pouvons encore réagir, mais ce qui vient de se produire la semaine dernière à la commission européenne est juste catastrophique ! », assène-t-il. Le commissaire européen John Dalli, qui était chargé de la révision de la directive sur le tabac aurait purement et simplement été limogé par le président de la commission José Manuel Barroso (lequotidiendumedecin.fr du 19/10/2012).
John Dalli, dont un collaborateur est accusé de corruption, n’aurait « pas répondu aux intimidations et aux chantages pour assouplir cette directive » qui regroupe quelques mesures sévères pour l’industrie du tabac. « Le projet de texte qui devait être adopté par la commission européenne d’ici la fin de l’année insiste sur la disparition des marques sur les paquets et l’obligation de grossir les photos, ce que dix pays européens ont déjà pris l’initiative d’imposer sur leur territoire », explique Luk Joossens de l’association européenne de lutte contre le cancer. Aux premières loges des lobbys qui s’exercent depuis vingt ans, il s’indigne de ce départ précipité, que rien d’autre n’expliquerait. S’il voit juste, cette chute en dit long sur la puissance des cigarettiers, dont la fortune va continuer de croître au fil des augmentations du prix du tabac.
Le Pr Albert Hirsch, qui vient d’être auditionné dans le cadre d’une enquête sur l’évaluation des politiques publiques sur le tabac n’a pas mâché ses mots devant la Cour des comptes, qui devrait se prononcer sur cette question dans son rapport de fin d’année. La distinction du budget de la Nation, qui récupère 13 milliards d’euros de taxes sur la vente des paquets et celui de la sécurité sociale auquel la prise en charge des cancers coûte 50 milliards d’euros par an lui paraît le nœud du problème. À ce titre, la ligue contre le cancer réclame la fongibilité des deux budgets pour ne pas laisser les intérêts particuliers des cigarettiers s’exercer. Un paradoxe et une absence de politique française aujourd’hui déplorés à l’échelon européen par la ligue, qui ne donne pas l’impression de lutter à armes égales face aux lobbys qui s’exercent.
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