DÉJÀ plusieurs études avaient impliqué les analgésiques (AINS, aspirine et paracétamol) dans la survenue du cancer des cellules rénales. Leur faiblesse était leur caractère rétrospectif. Manquaient des études prospectives, au caractère plus probant. C’est chose faite grâce au travail d’Eunyoung Cho et coll. (Boston). À ceci près qu’ils innocentent l’aspirine et le paracétamol, pour n’impliquer que les AINS stricto sensu.
Pour mener à bien leur travail, les chercheurs américains ont utilisé deux cohortes épidémiologiques connues : celle des infirmières (Nurses’s Health study) et celle des professionnels de santé (Health Professional Follow-up study). Soit respectivement 77 525 femmes suivies 16 ans, depuis 1976, et 49 403 hommes suivis 20 ans, depuis 1986.
La consommation des trois classes de médicaments était évaluée à l’enrôlement, puis tous les 2 ans par la suite. En tout 333 cas de cancer des cellules rénales ont été identifiés. L’enquête statistique ne montre pas de lien avec la consommation d’aspirine ou de paracétamol. En revanche, elle met en évidence une majoration du risque chez les utilisateurs d’AINS (hors aspirine) avec un risque relatif établi à 1,51. Il existe de plus une effet-dose. En comparant les consommateurs réguliers d’AINS et les non-utilisateurs le risque relatif est calculé à 0,81 pour moins de 4 ans d’utilisation ; à 1,36 pour 4 à 10 ans et à 2,92 au-delà de 10 ans.
Pour expliquer la différence avec les études antérieures en ce qui concerne paracétamol et aspirine, les auteurs s’appuient sur leur méthodologie prospective supérieure à l’analyse rétrospective. Ils ajoutent avoir noté sous AINS stricto sensu une réduction du risque des cancers du sein, de la prostate et colorectal, avec une ampleur similaire à celle attribuée à l’aspirine.
Des résultats à prendre en compte, selon un court éditorial accompagnant l’article, en raison de l’extrême diffusion de ce type de molécule.
Arch Intern Med, vol 171, n°16, pp.1487-1493.
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