« Nous sommes inquiets du ralentissement très significatif des consultations, de l’arrêt du dépistage et de la disparition des messages de prévention des cancers féminins, observés lors du confinement », explique le Pr Eric Lartigau, directeur général du centre Oscar Lambret de Lille. La crainte est que certaines patientes attendent encore jusqu’à la fin des vacances, occasionnant ainsi une carence de 6 mois sans consultation, ni dépistage. Cette situation est d’autant plus préoccupante que, selon des modèles théoriques, « trois mois de retard de diagnostic pourraient augmenter le risque de développer une tumeur localement avancée incurable de l’ordre de 20 à 25 % », reconnaît le Pr Lartigau.
Un défaut de dépistage et de prévention accentué
« Pendant le confinement, 18 000 mammographies de dépistage n’ont pas pu être réalisées dans la région Hauts-de-France, constate la Dr Marie-Pierre Chauvet, coordinatrice du comité sein. Avec un taux de détection d’environ 7,5 pour 1000 mammographies, on estime que 130 patientes présentant un cancer du sein auraient dû être prises en charge ». Cette situation intervient alors qu’une diminution progressive de l’adhérence au dépistage organisé, par les femmes concernées (50 à 74 ans), est perceptible ces dernières années. « Un peu moins de 50 % d’entre elles effectuent la mammographie de dépistage suite à l’invitation reçue (1) », précise la docteur Marie-Pierre Chauvet.
« Nous avons vu ces trois derniers mois en consultation deux tiers de patientes en moins qu’en 2019, observe également la Dr Delphine Hudry, chirurgien gynéco-oncologue. D’ailleurs, trop de femmes ont encore un suivi gynécologique irrégulier ». En effet, environ 40 % des femmes ne réalisent pas de frottis régulièrement (1), alors qu’il est recommandé tous les trois ans, de 25 à 65 ans, pour le dépistage du cancer du col. De même, moins de 25 % des jeunes filles sont vaccinées contre le papillomavirus humain (1), bien que la vaccination soit fortement recommandée dès 11 ans.
Quatre challenges pour remotiver les femmes
Avec 75 000 nouveaux cancers féminins par an, l’objectif est d’éviter tout risque de perte de chance lié à un retard au diagnostic. « Il faut absolument informer et mobiliser les femmes : les encourager à répondre aux convocations de dépistage et à reconsulter leurs gynécologues », insiste le Pr Lartigau.
« Nous avons toutes un bon motif de faire un suivi gynécologique ! », tel est le message de la campagne du centre Oscar Lambret, relayée via les réseaux sociaux (facebook et instagram). Ainsi, 4 challenges vont se succéder :
- « Oui au frottis ! », du 22 juin au 5 juillet, pour décrypter le cancer du col de l’utérus et l’importance du frottis,
- « Au Carré », du 6 au 19 juillet, pour sensibiliser sur le cancer de l’endomètre et repérer les symptômes qui doivent inviter à consulter,
- « Mère/Fille », du 20 juillet au 2 août, pour informer sur le cancer des ovaires et le rôle de l’hérédité,
- « Duo Dance », du 28 septembre au 11 octobre dans le cadre d’Octobre Rose, pour inciter au dépistage précoce du cancer du sein.
Des évolutions pour améliorer la prise en charge
Fin 2019, un centre de santé du sein a été ouvert au centre Oscar Lambret et a accueilli environ 1 260 femmes. « On propose aux patientes ayant une anomalie mammaire le " parcours rose ", avec des consultations d’emblée multidisciplinaires (chirurgien, radiologue, anesthésiste, infirmière) et intégrant même la reconstruction mammaire », explique la Dr Chauvet.
Avec 5 % des cancers du sein et de l’ovaire liés à la présence d’une altération génétique, l’oncogénétique est également un axe de recherche prioritaire et possède, depuis cette année, un lieu spécifique pour l’accueil des patientes au sein du centre. Grâce aux données issues de l’exploration des mutations génétiques de près de 8 500 familles des Hauts-de-France, des programmes de dépistage et de prévention ont été mis en place spécifiquement pour les femmes à risque.
D’après la conférence de presse du centre Oscar Lambret de Lille, le 16 juin 2020
(1) https://www.e-cancer.fr
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