DANS LE CADRE du plan santé au travail (2005-2009), l’AFSSET avait été chargé par la DGS (direction générale de la Santé), la DGT (direction générale du Travail) et la D4E (direction des études économiques et de l’évaluation environnementale), d’un vaste programme d’expertise sur les risques liés aux milieux aériens. L’avis publié cette semaine* s’appuie sur les conclusions du rapport d’un Comité d’experts portant sur la pertinence des dispositions réglementaires en vigueur relatives au seuil de protection des travailleurs fixé actuellement à 100 fibres par litre (1 f/l) d’amiante sur une heure et au comptage des fibres courtes (FCA) et des fibres fines (FFA) non prises en compte actuellement.
Les experts concluent que la limite de 5 µm de longueur pour différencier une fibre courte (< 5µm) et une fibre longue (› 5µm) ne repose pas des données scientifiques d’innocuité démontrée. Une étude publiée en 2003 a même conclu que les fibres d’amiante induisaient une réponse pathologique quelle que soit leur longueur. De même, pour les fibres fines dont le potentiel cancérogène est reconnu. « Aucun seuil d’effet sanitaire ne peut être déterminé chez l’homme pour les fibres d’amiante quelle que soit leur nature ou caractère dimensionnel », soulignent-ils. Toutes les variétés minéralogiques connues et commercialisées étant susceptibles d’induire un cancer chez l’homme, « il n’y a pas lieu de les différencier en vue de la recommandation d’une valeur limite d’exposition professionnelle ».
Aussi bas que possible.
L’AFSSET considère que le seuil actuel de 100 f/l fait courir un excès de risque de 3,3 pour 1 000, soit 3,3 cas de cancer du poumon ou de mésothéliome supplémentaires pour 1 000 travailleurs exposés), ce qui « ne peut être considéré comme acceptable ». En conséquence, l’Agence demande, « dans un premier temps et sans plus attendre », que la valeur limite soit abaissée à 10 F/l en moyenne sur 8 heures, ce qui représente une diminution du risque d’un facteur 10. Un tel seuil placerait la France dans le groupe des pays les plus avancés en matière de protection des travailleurs. Toutefois, le groupe d’experts propose d’aller plus loin : « Pour ce puissant cancérogène sans seuil de toxicité, seule la valeur la plus basse possible est acceptable, selon le principe « ALARA » (aussi bas que raisonnablement possible) ». Il recommande donc que cette valeur soit régulièrement réévaluée et abaissée, la valeur cible étant fixée à 0,03 F/l. Dans l’intervalle, il rappelle aux employeurs la nécessité de limiter les expositions des travailleurs au strict nécessaire.
2 millions de personnes exposés.
Depuis l’interdiction d’utilisation de l’amiante en France en 1997, on estime que 107 000 personnes sont encore exposées à l’amiante, principalement les professionnels qui pratiquent les activités de retrait d’amiante (déflocage et décalorifugeage). Cependant jusqu’à 2 millions y sont potentiellement exposées, même ponctuellement, lors d’activités d’entretien ou de maintenance de matériaux amiantés.
Concernant la toxicité aiguë, aucune donnée de la littérature ne l’a mis en évidence. Toutefois, l’AFSSET recommande de ne pas dépasser, sur une période de quinze minutes, une concentration égale à 5 fois la valeur sur 8 heures, afin de protéger les salariés des effets d’éventuels pics d’exposition.
Enfin, l’AFSSET recommande pour le comptage des fibres dans le cadre de la réglementation
du travail, de passer de la microscopie optique à la microscopie électronique, afin d’inclure les fibres fines d’amiantes qui représentent jusqu’à 20 % des nuages d’amiante.
*Disponible en ligne sur le site www.afsset.fr
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