DE NOTRE CORRESPONDANT
ORGANISÉ PAR la Caisse d’Assurance Retraite et Santé au Travail (CARSAT) d’Alsace-Moselle et l’Institut national de recherche et sécurité (INRS), ce colloque, le premier du genre en France, a recensé les études, nombreuses mais éparses, suggérant des liens entre certaines maladies et le travail de nuit. Ce dernier est d’autant mieux supporté que le travailleur est volontaire et jeune, les problèmes survenant essentiellement à l’issue de longues périodes d’activité nocturne. « Espèce diurne conçue pour vivre le jour et dormir la nuit », l’être humain est rapidement désynchronisé par le travail de nuit, comme le montrent les perturbations des niveaux de vigilance et de performance. À plus long terme, un certain nombre d’études suggèrent une incidence accrue des cancers du sein chez les femmes ayant travaillé de nuit pendant plusieurs décennies, une incidence accrue des cancers de la prostate étant aussi soupçonnée chez les hommes. Mais de nombreux facteurs de confusion fragilisent ces études, a relevé le Pr Maria Gonzalez (service de médecine du travail du CHU de Strasbourg) ce qui justifie aussi la poursuite des recherches.
Risque cardiovasculaire.
Les personnes travaillant de nuit ont un risque cardiovasculaire accru de 40 % par rapport aux travailleurs diurnes, et présentent de fréquents troubles digestifs et des perturbations du sommeil. En France, 3,5 millions de personnes travaillent la nuit, essentiellement dans les services d’urgences (armée, police, pompiers) mais aussi dans les hôpitaux, ainsi que dans les transports et les industries de production. Leur nombre progresse régulièrement, ce qui pose des questions sur la protection de leur santé. Comme l’explique la CARSAT d’Alsace-Moselle, il n’est bien sûr pas question de supprimer le travail de nuit dans les hôpitaux ou la police, mais on peut se demander s’il est justifié de le développer, par exemple dans les grands magasins, alors que sa finalité y est strictement commerciale et n’apporte rien à la société.
Une sieste d’une demi-heure.
Mais il existe aussi des moyens pour prévenir les effets néfastes du travail de nuit, que les services de santé au travail proposent aux entreprises qui commencent timidement à prendre conscience du problème. Celles-ci peuvent notamment agir sur l’environnement lumineux du poste de travail, la photothérapie permettant de « manipuler » l’horloge biologique sans effet secondaire et pour un coût limité. Mais, soulignent tous les chronobiologistes, le meilleur médicament du travailleur de nuit reste… la sieste. Une sieste d’une demi-heure environ, qu’elle ait lieu à une heure ou à quatre heures du matin, réduit la dette chronique de sommeil, maintient les cycles veille-sommeil normaux et permet de réduire de 50 % les erreurs d’attention. Celles-ci constituent en effet l’un des défis majeurs du travail de nuit, comme le rappellent, entre autres, les catastrophes de Three Miles Island, Tchernobyl ou de Bhopal, liées à des erreurs humaines et qui sont toutes survenues de nuit.
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