En France, le nombre de nouveaux cas de cancer en 2018 est estimé à 382 000, et le nombre de décès par cancer à 157 400, avec respectivement 54 % et 57 % d'hommes. S'ils restent encore majoritairement touchés par le cancer, les tendances observées ces dernières années sont plutôt défavorables aux femmes. Ainsi, le nombre de nouveaux de cas de cancer a augmenté de 93 % chez les femmes entre 1990 et 2018, contre 65 % chez les hommes.
C'est ce que montrent les données issues d'un rapport réalisé conjointement par l'Institut national du cancer (INCa), Santé publique France, le réseau des registres des cancers Francim et le service de biostatistique-bioinformatique des hospices civils de Lyon. À noter que pour la période 2016-2018, il s'agit de projections.
Une diminution de la mortalité dans plusieurs cancers
En France, l'incidence des cancers est stable chez les hommes entre 1990-2018 (variation de +0,1 % par an), et diminue même sur la période 2010-2018 (-1,4 %). Chez les femmes, la tendance est plutôt à la hausse (respectivement +1,1 % et +0,7 % par an). De plus, la mortalité tous cancers baisse davantage pour les hommes (-1,8 % par an contre -0,8 % pour les femmes).
Grâce au dépistage, à l'amélioration du diagnostic, aux progrès thérapeutiques et aux évolutions des comportements, une diminution de la mortalité est observée dans plusieurs localisations, comme le cancer du sein, le cancer colorectal, le cancer de la prostate et le cancer du col de l'utérus.
« Une diminution importante de l'incidence et de la mortalité a été observée chez les hommes pour certains cancers fortement liés à la consommation d'alcool et au tabac, tels que le cancer colorectal et les cancers de la lèvre, de la bouche et du pharynx », rapporte Gautier Defossez pour le réseau Francim.
En revanche, la mortalité est stable ou en augmentation pour les cancers du pancréas, du foie, du rein et les mélanomes cutanés aussi bien chez les hommes et les femmes. « La situation la plus préoccupante concerne le cancer du poumon chez la femme, pour lequel l'incidence est de +5,3 % par an et la mortalité de +3,5 % », déplore Gautier Defossez, qui évoque une conséquence négative de l'émancipation des femmes à partir des années 1960.
Changer les comportements
L'analyse par sous-type de cancer bronchique a montré que l'incidence des adénocarcinomes a particulièrement progressé chez les femmes par rapport aux carcinomes épidermoïdes et aux cancers à petites cellules. Chez l'homme, les adénocarcinomes sont les seuls cancers bronchiques à n'avoir pas reculé. « Ce phénomène peut notamment s'expliquer par l'introduction des filtres dans les cigarettes qui entraînent une inhalation plus profonde », indique Gautier Defossez.
Dans le cancer du col de l'utérus, l'analyse par âge a par ailleurs montré que si l'incidence est globalement en baisse (-1,8 % par an), les femmes de 50-60 ans font exception depuis 2010. « Les modifications des comportements à partir des années 1950 ont entraîné davantage de risque d'être exposé au papillomavirus (HPV) », poursuit Gautier Defossez.
Tabac, alcool, obésité, surpoids, UV solaires et HPV à haut risque oncogène sont des facteurs de risque connus sur lesquels il est possible d'agir. « Des travaux doivent être menés en lien avec des anthropologues et des sociologues pour identifier les leviers qui permettront un changement de comportement », estime Anne Gallay de Santé publique France.
« La surveillance de l'incidence est un élément clé de la lutte contre le cancer, qui s'inscrit dans le plan cancer 2014-2019, rappelle le Pr Norbert Ifrah, président de l'INCa. Ce rapport constitue un outil précieux pour la future stratégie décennale de lutte contre les cancers. »
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