La population vieillit et l’incidence du cancer augmente tout au long de la vie. En 2012, 115 310 nouveaux cas de cancer (dont 53,7 % chez l’homme) sont survenus chez les personnes âgées de 75 ans et plus en France métropolitaine, soit près d’un tiers des cancers tous âges confondus. Pour les personnes plus âgées (85 ans et plus), on estime à 35 928 (dont 15 724 chez l’homme) les nouveaux cas, soit près de 10 % de l’ensemble des diagnostics.
On retrouve la même répartition des types de cancers que dans la population tous âges confondus. Les cancers les plus fréquents sont, chez les hommes de 75 ans et plus, celui de la prostate (15 359), colorectal (9 298) et du poumon (7 230) ; chez les femmes, il s’agit du cancer du sein (11 619), colorectal (9 741) et du poumon (3 093) (1).
La survie varie en fonction de la localisation du cancer. Elle est bien moindre chez les sujets de plus de 75 ans. Ainsi, la survie spécifique à 10 ans pour un cancer de la prostate est de 61 % pour les 75-84 ans alors qu’elle est de 83 % pour les 55-64 ans. Ce pronostic moins bon chez les sujets âgés, quelle que soit la localisation du cancer, s’explique par un diagnostic plus tardif et des comorbidités limitant le traitement curatif. « Avant tout traitement, il faut évaluer les facteurs de risque, insiste le Pr Ivan Krakowski. C’est tout l’intérêt de la classification de Balducci, qui individualise trois groupes de patients et qui oriente la stratégie thérapeutique ». Le groupe 1 inclut les sujets autonomes, actifs, sans facteurs de fragilité. Le traitement est standard, identique à celui des patients plus jeunes. Le groupe 2 comprend les sujets qui présentent une ou deux comorbidités. Les patients peuvent présenter un syndrome gériatrique (chutes, troubles cognitifs, incontinence...). Le traitement doit être adapté. Si les comorbidités sont bien prises en charge, le traitement peut être identique à celui des patients du groupe 1. Mais ce sont les patients les plus difficiles à évaluer. La prise en charge doit donc être pluridisciplinaire et l’évaluation oncogériatrique systématique. Le groupe 3 concerne les patients très fragiles (comorbidités› 3) et dépendants. Chez eux, le traitement palliatif aura tout autant de bons résultats que le traitement curatif.
« Pour tous les malades du cancer, et plus particulièrement les personnes âgées, les soins de support représentent une aide considérable en matière de qualité de vie, insiste le Pr Krakowski. Des études existent, qui montrent bien que la prise en charge cancérologique spécifique et les soins de support augmentent la survie, et ceci est particulièrement vrai chez la personne âgée ».
Unités pilotes
Les unités pilotes de coordination en oncogériatrie (UCOG), créées en 2005, avaient pour objectifs d’initier la collaboration entre oncologues et gériatres, de renforcer la formation en oncogériatrie et de diffuser l’information vers les professionnels et les patients. Lors du lancement du plan cancer 2009-2013, vingt-huit unités ont été déployées dans dix-neuf régions. Généralement, la structure de coordination est universitaire et réunit le CHU et le centre de lutte contre le cancer, se fondant sur une collaboration oncologue et gériatre. L’objectif est de développer l’information et la formation dans la région, et de favoriser le développement des réseaux de soins territoriaux afin que, dans chaque établissement, il y ait accès, sur place ou par convention avec un établissement, à un gériatre formé spécifiquement à l’oncogériatrie. Le réseau régional de cancérologie (RRC) doit être aidant, même s’il faut rappeler qu’il ne dispense pas de soins. Il doit mettre, par exemple, à disposition les textes de référence, des référentiels dont ceux d’oncogériatrie.
Entretien avec le Pr Ivan Krakowski, oncologue médical, Institut Bergonié, Bordeaux, président de l’Association francophone pour les soins oncologiques de support (AFSOS)
(1) Données de l’Inca, septembre 2014
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