Au cours du Forum européen de la santé de Gastein, petite station autrichienne qui réunit chaque année la Commission européenne et de nombreux représentants du monde de la santé en Europe, des « alliances européennes » contre la cécité d’une part, et pour l’audition d’autre part, ont présenté leurs programmes pour faire de leur mobilisation des priorités européennes.
Animé par un médecin britannique et réunissant une quinzaine d’organismes et d’associations, le « Forum européen contre la cécité » se mobilise avant tout pour une prise en charge plus précoce des troubles visuels. Comme l’explique son président, le Pr Ian Banks, les Européens, en particulier les hommes, négligent les dépistages et ne vont souvent consulter que quand il est trop tard.
700 000 aveugles en France
Alors que l’on manque de chiffres européens fiables, le cabinet Deloitte a tenté de chiffrer l’impact des maladies de la vue dans six pays européens, la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, le Royaume-Uni et la Slovaquie. On y compterait 716 000 aveugles, dont 88 000 en France, et trois fois plus en Italie, mais aussi 26 millions de patients atteints de cataracte, 2,8 millions souffrant de DMLA humide, 3,8 millions atteints de glaucome et 1,8 million de rétinopathie diabétique. Dans ces six pays, le coût total des maladies de la vue, en termes de soins et de journées de travail perdues, avoisine les 18 milliards d’euros par an, dont 7 milliards à eux seuls pour les cécités complètes. Par contre, estime la même étude, des dépistages réguliers et une prise en charge précoce, qui ralentirait la progression de ces maladies, coûteraient entre 2 et 4 milliards par an, mais, au vu des 18 milliards de dépenses, se révélerait d’une rentabilité incontestable, sans même parler de l’amélioration de la qualité de la vie des patients concernés.
Au même moment, la Fondation Agir pour l’audition, présidée par le Pr Bruno Frachet a présenté à Gastein un programme européen de mobilisation dans ce domaine. « Nous devons créer un vrai mouvement d’action face aux troubles de l’audition », a-t-il déclaré, soulignant que 51 millions d’Européens souffrent de baisse de l’audition, dont 6 millions en France, alors que la moitié de ces baisses serait évitable, surtout chez les jeunes. Là aussi, l’enjeu est à la fois humain et économique : les personnes malentendantes ont tendance à se retirer plus tôt de la vie active, et occupent souvent des fonctions moins bien rémunérées que les autres, car elles ne peuvent plus assumer correctement toutes leurs tâches.
Un malentendant sur 2 ne s’équipe pas
La fondation se donne pour objectif de sensibiliser les Européens et les institutions européennes au fait que les troubles de l’audition sont une composante à part entière des problèmes de santé. De plus, elle constate que, même dans les pays, comme le Royaume-Uni ou la Scandinavie, où les prothèses auditives sont totalement remboursées, seul un malentendant sur deux fait le choix de s’équiper, soit par fatalisme ou manque d’information, soit par « peur » de l’image de la prothèse… et aggrave encore ainsi ses problèmes. Une situation d’autant plus absurde, rappellent les fabricants d’aides auditives associés à cette démarche européenne, que plus le nombre de prothèses augmente, et plus elles peuvent s’améliorer encore tout en devenant de moins en moins chères. Le programme d’« Agir pour l’audition » résume tous ces arguments, avec en premier lieu l’urgence de la prévention et de l’information des jeunes face aux bruits, notamment à la musique trop forte, et plaide pour des politiques européennes de recherche. Sans utiliser trop ostensiblement le terme, les médecins européens n’ont pas peur de se qualifier de lobbyistes de leurs causes, conscients que, face aux institutions de l’UE, c’est aussi par ce type de moyen et par des argumentaires solidement étayés, en particulier sur le plan économique, qu’ils parviendront à leurs fins.
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