Cohorte KBP 2010 : premier résultats

Publié le 28/03/2013
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ENTRE LE 1er janvier et le 31 décembre 2010, 7 051 questionnaires médicaux concernant de nouveaux patients pour lesquels un cancer bronchopulmonaire primitif était diagnostiqué ont été saisis et analysés pour constituer la cohorte KBP 2010*. Cette étude prospective, observationnelle et multicentrique a été initiée par le Collège des pneumologues des hôpitaux généraux (CPHG) et évalue la mortalité à 5 ans du cancer bronchopulmonaire primitif en la comparant à celle d’une étude similaire menée en 2000. Les caractéristiques de la maladie et des patients sont analysées et comparées également à celles de 2000. « Il faut savoir si les nouveaux traitements et les nouvelles modalités de prise en charge ont amélioré la survie, souligne le Dr Chrystèle Locher. Actuellement, on ne connaît que la mortalité à 1 an, mais on peut déjà dégager certaines données et les comparer à celles de l’étude de 2000 ».

En 2000, 42 % des patients étaient diagnostiqués au stade IV de la maladie ; contre 58 % en 2010. Mais, selon C. Locher, certains changements sont intervenus en une décennie qui peuvent laisser penser que les chiffres sont un peu biaisés. Il y a d’abord le changement dans la classification TNM, une partie des cancers classés IIIB avec atteintes péricardique et pleurale en 2000 se retrouvant classés au stade IV en 2010. En outre, la mise en évidence des métastases est devenue de plus en plus précise avec l’utilisation quasi systématique aujourd’hui du PET Scan. « Peut-être aussi, souligne C. Locher, que le type histologique a évolué, les adénocarcinomes sont plus nombreux qu’en 2000, ils sont peut-être symptomatiques plus tardivement, il est donc possible que le patient consulte plus tard et que sa maladie soit prise en charge à un stade plus avancé. »

Quant à la survie à 1 an, son augmentation est significative par rapport aux données de l’étude 2000 (43,6 % versus 38,2 %). La mortalité à 1 an des cancers à petites cellules (CBPC) n’a pas changé ; celle des cancers non à petites cellules (CBNPC), les adénocarcinomes et les carcinomes épidermoïdes, a diminué de 60,7 à 55,2 %. « Est-ce parce que les traitements sont plus efficaces aujourd’hui, est-ce que les modifications de la population concernée ont leur part de responsabilité », questionne C. Locher ? Une chose est sûre, les cancers à petites cellules ont un pronostic plus sévère et les traitements des cancers non à petites cellules sont plus efficaces. « La recherche est importante dans les adénocarcinomes, constate C. Locher. En 10 ans, de nouvelles thérapeutiques ciblées sont apparues. Les cancers à petites cellules, plus rares puisqu’ils ne représentent que 13 % des cancers bronchopulmonaires, font figure de parents pauvres et n’ont pas bénéficié de nouvelles molécules depuis 10 ans. »

Entretien avec le Dr Chrystèle Locher, service de pneumologie, CH de Meaux

*Recueil des nouveaux cas de CBP primitifs diagnostiqués dans les services de pneumologie des centres hospitaliers généraux du 1er janvier au 31 décembre 2010. Comité scientifique sous la coordination du Dr Michel Grivaux, service de pneumologie, centre hospitalier de Meaux.

 Dr BRIGITTE MARTIN

Source : Bilan spécialistes