Alors qu'une femme sur huit sera touchée par un cancer du sein au cours de sa vie, la directrice scientifique de la Fondation ARC, Nancy Abou-Zeid, a présenté au cours d'un webinar les récentes avancées de différents programmes de recherche soutenus par la Fondation, notamment dans le domaine de l'innovation thérapeutique. « Notre but est de montrer à travers différents projets comment la recherche peut changer la prise en charge des patients », indique Nancy Abou-Zeid.
La Fondation ARC finance à hauteur de 4,3 millions d'euros un essai clinique de phase II qui a mis en évidence le bénéfice de l'immunothérapie dans les cancers du sein triple négatif, une forme agressive de cancer du sein pour laquelle il n'existe pas de traitement spécifique efficace. « Jusque-là, l'immunothérapie avait peu profité aux femmes atteintes de cancer du sein », note Nancy Abou-Zeid.
Une amélioration significative de la survie globale
« Safir02 Breast a été lancé en 2014. L'objectif principal est d'apporter la preuve de concept que la médecine de précision améliore davantage la survie que la thérapie standard de maintenance après une première ligne de chimiothérapie dans les cancers du sein métastatiques », explique Nancy Abou-Zeid. Au total, plus de 1 400 femmes de 25 centres en France ont été dépistées afin d'identifier des anomalies moléculaires. Parmi elles, 240 ont été traitées par une thérapie ciblée correspondant à l'anomalie identifiée (mise à disposition par le laboratoire AstraZeneca) et 200 par une immunothérapie (avec l'anti-PDL1 durvalumab). « Le bras immunothérapie a été ajouté en 2016 pour pouvoir proposer ce traitement aux femmes qui ne présentaient pas forcément de cible moléculaire particulière », précise Nancy Abou-Zeid.
Les analyses de cette étude sont en cours, mais des premiers résultats ont été observés chez les patientes atteintes d'un cancer du sein triple négatif métastatique : la survie globale est passée de 14 à 21 mois avec l'immunothérapie par rapport au traitement standard. « Ce résultat est suffisamment significatif pour pouvoir envisager d'administrer cette immunothérapie à cette sous-catégorie de patientes le plus rapidement possible, même si une phase 3 de confirmation est nécessaire pour obtenir une autorisation de mise sur le marché dans cette indication », souligne la directrice scientifique de la Fondation ARC.
Évaluer l'efficacité de l'immunothérapie au stade localisé
Dans la continuité de ces résultats, le projet PRISM-2 va être lancé en septembre et sera mené sur 200 femmes afin de déterminer si la mise en place du durvalumab au stade localisé du cancer triple négatif pourrait être bénéfique. « Nous espérons pouvoir guérir certaines femmes en leur apportant très tôt l'immunothérapie, avance Nancy Abou-Zeid. L'objectif est également d'identifier de potentiels marqueurs qui permettraient de prédire quelles sont les femmes qui peuvent bénéficier de l'immunothérapie à un stade précoce de la maladie ».
La Fondation ARC soutient aussi un projet s'appuyant sur la découverte de vaisseaux sanguins particuliers entourant la tumeur, dits HEV (pour High Endothelial Venules). Chez les femmes atteintes de cancer du sein (tout type confondu) et qui présentent un grand nombre de ces vaisseaux, la survie à 10 ans atteint 80 % alors qu'elle est de 50 % chez les patientes qui en ont peu. « Le but de ce programme de recherche est de cribler toute une série de molécules afin d'en trouver une capable de transformer des vaisseaux sanguins classiques en ces "supers" vaisseaux en vue d'améliorer le pronostic des femmes », décrit Nancy Abou-Zeid.
Prévention, dépistage, traitement et qualité de vie
En plus des innovations thérapeutiques, la Fondation ARC a défini quatre axes de recherche prioritaires pour le cancer du sein : la prévention, le dépistage, le traitement et la qualité de vie. Parmi les projets qu'elle accompagne, citons notamment GEO3N-XENAIR sur les facteurs de risque de cancer du sein présents dans l'air, MyPeBS sur l'intérêt d'un dépistage organisé basé sur un score personnalisé, et ABLE02 portant sur l'intérêt en termes de qualité de vie d'un programme d’activité physique associé à l'usage de montres connectées chez les patientes atteintes d’un cancer du sein métastatique.
« La Fondation soutient des projets portant sur tous les types de cancer de sein et sur toutes les étapes de la prise en charge, ajoute Nancy Abou-Zeid. En 5 ans, elle a contribué au déploiement de plus de 180 projets en France ».
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