L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé, ce mardi 17 novembre, la première stratégie mondiale d'élimination du cancer du col de l'utérus. Cette dernière s'appuie sur trois piliers : la vaccination, le dépistage et le traitement. Le rapport de l'OMS insiste sur le fait que les progrès réalisés dans ces différents domaines pourraient réduire de 40 % le nombre annuel de nouveaux cas et éviter 5 millions de décès d'ici à 2050.
Les objectifs affichés par l'OMS à l'horizon 2030 sont ambitieux : 90 % des jeunes filles de moins de 15 ans vaccinées contre le HPV, 70 % des femmes dépistées entre 35 et 45 ans à l'aide de tests haute performance, 90 % des femmes diagnostiquées mises sous traitement et 90 % des femmes souffrant d'un cancer invasif prises en charge.
Changer les outils de dépistage et de prise en charge
Outre la promotion de la vaccination et la mise en place de mécanismes de financement, l'OMS préconise que les pays signataires investissent dans la formation des gestes chirurgicaux nécessaires aux traitements du cancer du col non invasif.
Invitée par l'OMS à s'exprimer lors du lancement de la stratégie de l'OMS, l'ancienne ministre française de la Santé, Marisol Touraine, a précisé qu'il fallait que les pays acquièrent de nouveaux outils. « L'inspection visuelle du col est encore largement employée car il s'agit d'un examen médical peu cher, bien qu'il ne soit pas le plus efficace, rappelle-t-elle. Nous devons développer des programmes de dépistage assisté par l'intelligence artificielle, de même que des techniques de thermoablation pour les lésions précancéreuses ».
Selon l'évaluation médico-économique de l'OMS, chaque euro investi dans les programmes d'élimination du cancer du col de l'utérus permettrait à l'économie mondiale de générer 3,20 euros. « Le cancer du col de l'utérus impacte des femmes qui ont un rôle essentiel dans leurs communautés, abonde Marisol Touraine. Nous ne pouvons pas accepter cette sentence de mort. »
Tensions d'approvisionnement sur les vaccins
Concernant la mise à disposition des vaccins, le Dr Seth Berkley a fait un point sur les programmes de coopération mis en place par GAVI, l'Alliance du vaccin dont il est le directeur général : « Nos accords avec des fabricants nous ont permis d'obtenir des doses à 4 dollars et 50 cents (3,80 euros environ N.D.L.R) et nous devrions parvenir à tirer les prix encore plus vers le bas », espère-t-il.
Le GAVI a ainsi réussi à vacciner 30 millions de jeunes femmes dans 24 pays ses cinq dernières années. « Nous visions 40 millions, poursuit-il. Mais nous en avons été empêchés par une brusque augmentation de la demande mondiale en vaccins qui a provoqué une situation de pénurie. Nous travaillons en ce moment avec les industriels pour régler ces problèmes logistiques. Si nous souhaitons atteindre les 90 % de couverture vaccinale, les cinq prochaines années seront déterminantes : nous devrons vacciner 80 millions de jeunes filles au cours de cette période. »
Une incidence doublée dans les pays en développement
Le cancer du col de l'utérus est le 4e cancer le plus commun chez les femmes. Selon les projections épidémiologiques de l'OMS, le nombre annuel de nouveau cas passera, si rien n'est fait, de 570 000 à 700 000 entre 2018 et 2030, tandis que le nombre de décès passera de 311 000 à 400 000 par an. Dans les pays à revenu faible ou moyen, son incidence est désormais le double de celle observée dans les pays riches, et le taux de mortalité est triplé.
Dans une méta analyse publiée lundi dans « The Lancet », une équipe internationale de chercheur a en outre illustré les inégalités face au cancer du col de l'utérus. Ils constatent que 5,8 % de tels cancers sont survenus chez des femmes vivant avec le VIH en 2018 et que 4,9 % étaient attribuables au VIH. Les régions du monde les plus affectées étaient l'Afrique du sud et de l'Est, où l'on dénombre 6 pays ou le taux d'incidence du cancer du col attribuable au VIH standardisé pour l'âge est de 20/100 000 habitant.
Une lutte pour le droit des femmes à la santé
L'OMS est consciente du danger que représente la pandémie de Covid-19 pour cette stratégie. Elle craint les perturbations des systèmes de soin qui lui sont associées : interruption de campagnes de vaccination et de dépistage, saturation des hôpitaux et fermetures de frontières.
« De nouveaux blocages empêchent les femmes, notamment dans les régions rurales de se rendre dans les centres de traitement et les fermetures d'école perturbent les programmes de vaccination », peut-on lire dans les documents de l'OMS détaillant la stratégie d’élimination. « L'OMS presse tous les pays concernés de faire de la vaccination, des traitements et du dépistage des actions prioritaires, à poursuivre en toute sécurité », qualifiant la lutte contre le cancer du col de l'utérus de « lutte pour les droits des femmes ». La résolution de l'agence onusienne a été adoptée par 194 pays.
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