Cancer du col de l'utérus : la région Nouvelle-Aquitaine lance sa campagne de dépistage organisé

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Publié le 25/01/2021
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Crédit photo : PHANIE

Dans le cadre de la semaine européenne de prévention du cancer du col de l'utérus qui se tient du 25 au 31 janvier, le Centre régional de coordination des dépistages des cancers de Nouvelle-Aquitaine (CRCDC NA) lance sa campagne de dépistage organisé régional. Le but : atteindre un taux de couverture de 80 % dans la population cible, c'est-à-dire les femmes de 25 à 65 ans non dépistées (ou insuffisamment).

« Le cancer du col de l'utérus est dans 99,5 % des cas lié à une infection virale par un ou plusieurs HPV à haut risque », indique la Dr Isabelle Josso-Colom, gynécologue-obstétricien à La Rochelle et médecin coordonnateur des départements Deux-Sèvres et Charente-Maritime. En France, chaque année, 3 000 nouveaux cas sont diagnostiqués et près de 1 100 femmes en meurent. Et si la vaccination et le dépistage ont fait leur preuve en matière de prévention, trop de Françaises passent entre les mailles du filet.

Le rythme du dépistage insuffisamment respecté

« Seules 60 % des femmes françaises participent au dépistage spontané du cancer du col de l'utérus, alors que si toutes celles de 25 à 65 ans se faisaient dépister régulièrement, plus de 80 % de cancers du col de l'utérus pourraient être évités », souligne la Dr Athénais Lair, médecin coordonnateur régional du CRCDC NA. Le dépistage organisé vise donc spécifiquement les 40 % de femmes qui ne se font pas dépister, en vue de réduire l'incidence de ce cancer, mais aussi les inégalités sociales et territoriales en termes d'accès aux soins. Les femmes non dépistées (ou pas assez régulièrement) sont majoritairement des femmes de plus de 50 ans, appartenant aux classes socio-économiques les moins favorisées, ayant une ALD ou en situation de handicap.

L'objectif du dépistage organisé est aussi d'améliorer les pratiques, alors que les pratiques ne sont pas toujours conformes aux recommandations de 2019 de la Haute Autorité de santé (HAS), certaines femmes se faisant dépister trop souvent, d'autres pas assez. Pour les femmes de 25 à 29 ans, une analyse cytologique est recommandée tous les trois ans (après deux analyses normales à un an d'intervalle), et pour celles de 30 à 65 ans, la réalisation d'un test HPV visant à détecter les HPV à haut risque est préconisée trois ans après une cytologie normale, puis tous les cinq ans. Quelle que soit la technique employée, un même prélèvement cervico-utérin est réalisé.

Point important, même les femmes vaccinées sont concernées par le dépistage, rappelle la Dr Josso-Colom : « les vaccins ne ciblent pas tous les types d'HPV, le dépistage est donc indispensable pour toutes les femmes ».

Identifier les freins en vue d'actions ciblées

Les missions du CRCDC NA sont multiples. Le centre est d'abord chargé d'envoyer des invitations par courrier à toutes les femmes n'ayant pas été dépistées dans les délais recommandés pour les inciter à consulter un médecin généraliste, un gynécologue ou une sage-femme, aptes à réaliser le prélèvement. Un courrier de relance est prévu un an après. « Le centre est également chargé de centraliser les résultats de tous les prélèvements et d'assurer le suivi des patientes en cas de résultat anormal », ajoute la Dr Lair. Le CRCDC a également vocation à identifier les freins au dépistage en vue de mener des actions ciblées en lien avec les partenaires locaux.

« Les invitations ont commencé à être envoyées en août, 170 000 ont déjà été envoyées en 2020. On estime que 450 000 femmes seront ciblées par la campagne en 2021 en Nouvelle-Aquitaine », note la Dr Lair, précisant que l'interprétation des examens réalisés est prise en charge à 100 % dans le cadre du dépistage organisé.

Focus sur les femmes immunodéprimées dans une campagne télévisée

Un spot télévisé diffusé toute la semaine sur France 3 met également la lumière sur trois populations particulières de femmes, qui requièrent un dépistage adapté en raison d'une immunodépression. Il s'agit des femmes greffées, des femmes exposées in utero au Distilbène (DES) et de celles vivant avec le VIH. Pour elles, « le dépistage, c'est plus souvent et plus longtemps ». « Le suivi doit être effectué plus souvent, tous les ans, avec un frottis suivi d'une analyse des cellules en première intention. Il doit parfois être débuté avant leurs 25 ans et de toute façon poursuivi au-delà de 65 ans, y compris en cas d'ablation de l'utérus », détaille Anne Levadou, présidente de l'association DES France.


Source : lequotidiendumedecin.fr