Cancer colorectal avec instabilité microsatellitaire : l’association nivolumab + ipilimumab fait mieux que le nivolumab seul

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Publié le 31/01/2025
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Dans le cancer colorectal métastatique avec instabilité microsatellitaire élevée/déficience de la réparation des mésappariements de l'ADN (MSI-H/dMMR), l’association de deux immunothérapies fait mieux qu’une seule dans toutes les lignes de traitement.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Une collaboration de médecins internationaux, coordonnée par le Pr Thierry André (service d’oncologie médicale de l’hôpital Saint-Antoine à Paris, université la Sorbonne), vient de confirmer l’intérêt de l’association du nivolumab (un anti-PD-1) et de l’ipilimumab (un anti-CTLA-4) dans le traitement des cancers colorectaux métastatiques avec une instabilité microsatellitaire élevée/déficience de la réparation des mésappariements de l'ADN (MSI-H/dMMR).

Dans un article publié dans The Lancet, les chercheurs ont communiqué les dernières données de l’étude CheckMate 8HW évaluant plusieurs stratégies thérapeutiques dans une cohorte de patients ayant un cancer colorectal métastatique MSI-H/dMMR. Ces cancers bien spécifiques concernent 4 à 7 % des patients pris en charge pour cancer colorectal métastatique. Les cellules cancéreuses qui composent ces tumeurs ont la faculté d’inhiber le système immunitaire, et en particulier les lymphocytes T. C’est pourquoi les immunothérapies sont considérées comme une option prometteuse dans ce type de cancer.

Bithérapie, puis monothérapie de nivolumab

Dans cette étude de phase 3, 128 hôpitaux de 23 pays ont été mobilisés pour recruter 839 patients aléatoirement répartis en trois groupes, respectivement de 354, 353 et 132 malades. Dans le premier, les patients ont reçu 240 mg de nivolumab et 1 mg/kg d’ipilimumab lors de 4 séances espacées de 3 semaines puis 480 mg de nivolumab toutes les 4 semaines ; le deuxième a reçu 6 doses de 240 mg de nivolumab (une dose toutes les 2 semaines) puis 480 mg de nivolumab toutes les 4 semaines. Enfin, le dernier groupe constituait un groupe contrôle traité par chimiothérapie, avec ou sans thérapie ciblée.

Une instabilité forte des microsatellites ou un déficit de la réparation des mésappariements ont été confirmés chez 84 % des patients du groupe nivolumab + ipilimumab et 81 % du groupe nivolumab seul. Après un suivi médian de 47 mois, la durée médiane de survie sans progression n’était toujours pas atteinte dans le groupe traité avec une bithérapie (plus de la moitié des patients répondaient donc toujours au traitement), alors qu’elle était de 39,3 mois dans le groupe nivolumab seul. Les auteurs estiment que les patients traités par l’association d’anti-PD-1 et d’anti-CTLA-4 avaient 38 % de risque en moins de voir leur maladie progresser à nouveau au cours du suivi.

Concernant la sécurité, des événements indésirables de grade 3 or 4 ont été reportés chez 22 % des patients sous bithérapie et 14 % des patients sous monothérapie. Trois décès liés au traitement sont décrits dans la publication : deux par une myocardite et une pneumonie dans le groupe nivolumab + ipilimumab et un décès par une pneumonie dans le groupe monothérapie.

Ces résultats font suite à plusieurs publications, notamment la dernière en date dans le New England Journal of Medicine. La même équipe y avait démontré que l’association de deux immunothérapies était supérieure à la chimiothérapie en traitement de première ligne. Mises ensemble, ces deux études « démontrent que l’association de nivolumab et d’ipilimumab a le potentiel de devenir un nouveau standard dans la prise en charge des MSI-H/dMMR », concluent les auteurs.


Source : lequotidiendumedecin.fr