Radiothérapie par mini-faisceaux, technique Flash, molécules leurres, l'Institut Curie fait le point sur les innovations en radiothérapie et plus particulièrement en protonthérapie à l'occasion de la Journée internationale des cancers de l'enfant ce 15 février.
Plus d'une centaine d'enfants sont traités à l'Institut Curie en radiothérapie tous les ans, avec les techniques les plus avancées, notamment la protonthérapie. Le site de l'Institut à Orsay est le premier et le plus performant des centres de protonthérapie en France, rappelle l'Institut dans un communiqué.
Plusieurs types de maladies y sont traités pour des localisations intra- et extra-crâniennes, en particulier chez les enfants. « Les propriétés de focalisation de la protonthérapie réduisent la dose d'irradiation totale à laquelle le corps est exposé et en fait la méthode de choix lorsque la tumeur se trouve à proximité d'organes sensibles », est-il expliqué.
Irradiations cranio-spinales
L'Institut Curie est l'unique centre de protonthérapie en France à réaliser des irradiations cranio-spinales. « C’est le seul centre prenant en charge les médulloblastomes (tumeurs du cervelet) et certaines tumeurs cérébrales », est-il précisé. Chez les tout-petits, l’Institut Curie traite des localisations abdominales (neuroblastome), médiastinales (sarcomes, lymphomes de Hodgkin), au niveau du sacrum et du rachis (sarcome d’Ewing, chordome).
Des techniques très spécifiques avec apnée permettent également de traiter des tumeurs à proximité du diaphragme. « Autre particularité : l’Institut Curie traite beaucoup d’enfants sous anesthésie générale (une technique longue pour les moins de 4/5 ans), ou grâce à l’hypnose pour les plus grands enfants (à partir de 5/6 ans) », est-il ajouté.
Des faisceaux submillimétriques
Parmi les avancées novatrices, la radiothérapie par mini-faisceaux de protons (pMBRT) figure en bonne place. Cette technique de délivrance de dose découverte à l'Institut Curie utilise des faisceaux de protons submillimétriques et s'avère très prometteuse pour les tumeurs radiorésistantes et de mauvais pronostic, en particulier en pédiatrie. C'est l'équipe « Nouvelles approches en radiothérapie » dirigée par Yolanda Prezado, directrice de recherche CNRS, qui est à l'œuvre dans cette découverte. Les premiers résultats ont entraîné une réduction importante des séquelles (capacité d'apprentissage, mémoire, anxiété), ce qui encourage la préparation d'essais cliniques.
Découvert en 2014 dans les laboratoires de l’Institut Curie à Orsay par l’équipe du Vincent Favaudon, chercheur radiobiologiste à l’Inserm, le « Flash » est une technique de radiothérapie dans laquelle une irradiation à ultra-haut débit de dose est délivrée en une fraction de seconde, soit 1 000 à 10 000 fois plus intense qu'en radiothérapie conventionnelle. De récentes études précliniques en Flash proton conduites par Yolanda Prezado ont révélé, dans les tumeurs du système nerveux central chez les jeunes, une réduction de la toxicité par rapport à la protonthérapie conventionnelle.
Les Dbait, des molécules leurres
Autre innovation : des molécules « leurres », les Dbait (bait signifiant appât en anglais) qui augmentent l’efficacité de la radiothérapie. L’équipe « Réparation, Radiation et Thérapies innovantes anticancer », grâce aux travaux de Marie Dutreix, directrice de recherche émérite au CNRS, a développé cette nouvelle classe de médicaments uniques. Un essai clinique est en cours avec la biotech Onxeo. Un espoir de taille pour lutter contre les cancers pédiatriques à haut risque.
Par ailleurs, une équipe de chercheurs s’attelle à comprendre les mécanismes de rechute après radiothérapie dans les cancers pédiatriques, en particulier dans les ATRT (tumeurs rhabdoïdes tératoïdes atypiques) ou le médulloblastome. L’équipe « Signalisation et Progression Tumorale » menée par Célio Pouponnot, directeur de recherche CNRS, étudie comment la radiothérapie pourrait rendre plus sensible ces tumeurs à l’immunothérapie. Plus globalement, l’équipe mène des travaux pour mieux appréhender les toxicités sur les tissus sains en développement de différentes modalités de radiothérapie (photons versus protons, par exemple).
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