Selon une épidémiologiste de Harvard, il serait rentable de proposer une vaccination HPV (Human Papillomavirus) aux hommes homo- et bisexuels jusqu’à l’âge de 26 ans. Pour un coût-efficacité acceptable, l’administration d’un vaccin quadrivalent permettrait ainsi de prévenir jusqu’à 80-90 % des cancers de l’anus et des verrues génitales dans cette population exposée. Ce sont les conclusions que Jane Kim, du département de santé publique de la prestigieuse université, a tirées d’une analyse médico-économique à l’aide d’un modèle de décision.
Les homosexuels de sexe masculin sont en effet davantage exposés aux cancers de l’anus, puisque ceux-ci sont associés dans plus de 80 % des cas à deux types d’HPV oncogènes, les souches 16 et 18, transmis dès le début de l’activité sexuelle. Ce sont les mêmes types qui sont mis en cause dans plus de 70 % des cancers du col de l’utérus et qui ont fait recommander la vaccination HPV chez les filles de 14 à 26 ans. Deux vaccins existent, un bivalent protégeant des types oncogènes 16 et 18, et un quadrivalent, ciblant également les types 6 et 11 responsables de condylomes.
Une vaccination ciblée.
Si l’incidence du cancer anal s’avère néanmoins bien plus faible que celle du cancer du col de l’utérus dans la population générale, « le risque d’une tumeur anale chez les homosexuels, en particulier en cas de coïnfection par le VIH, est comparable, si ce n’est plus, à celui d’un cancer du col avant que le dépistage systématique ne soit proposé », rappelle l’auteur. S’il ne semble pas optimal sur le plan coût-efficacité de vacciner l’ensemble des adolescents, garçons y compris, il semble qu’une vaccination ciblée soit bénéfique pour les sujets masculins à haut risque, c’est-à-dire ayant des rapports homosexuels.
Pour obtenir ces résultats, l’épidémiologiste a créé un nouveau modèle analytique d’aide à la décision. Il avait pour objectif d’évaluer les conséquences médicales et économiques d’une campagne de vaccination contre les types 6, 11, 16 et 18 chez des sujets masculins homosexuels. Le modèle comportait trois paramètres variables : l’âge de la vaccination (12, 20 et 26 ans), une exposition antérieure aux types visés par le vaccin et la prévalence du VIH-1.
Parmi les différents scénarios envisagés, le plus rentable était celui où les jeunes garçons homosexuels sont vaccinés à l’âge de 12 ans pour un coût de 15 290 dollars US par QALY gagné (quality-adjusted life-year). Pour les autres situations où les garçons sont vaccinés à 20 ou 26 ans, déjà exposés aux virus HPV, les rapports coût-efficacité étaient moins bons, mais restaient en deçà des 50 000 dollars US par QALY. Par exemple, la vaccination HPV à 26 ans était ainsi évaluée à 37 820 dollars US, pour une exposition à tous les types d’HPV estimée à environ 50 %. Même si le scénario le plus profitable est de vacciner les adolescents tôt, l’auteur souligne que les campagnes vaccinales auraient intérêt à cibler plutôt les garçons plus âgés, jusque l’âge de 26 ans, qui sont plus à même d’avoir identifié et accepté leur identité sexuelle.
The Lancet Infectious Diseases, 3 novembre 2010.DOI:10.1016/S1473-3099(10)70219-X.
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