Les recommandations formalisées d’experts sur « l'intubation difficile » ont avant tout répondu à six questions, qui rappellent la nécessité des bonnes pratiques pour pré-oxygéner le patient lors des manœuvres d’intubation, en particulier lorsqu’elle est difficile. « Il s’agit, au sens propre du terme, d’une assurance-vie que l’anesthésiste-réanimateur prend pour son patient, souligne le Pr Olivier Langeron. Ces mesures sont faciles à mettre en œuvre si elles sont faites avec rigueur et méthode et elles peuvent éviter, sans aucun coût, des difficultés irréversibles ».
Vidéo, curares courts
Les deux questions suivantes portent sur des innovations techniques, avec le recours aux vidéolaryngoscopes, et pharmacologiques, avec la réversibilité des curares, qui donnent une marge de manœuvre plus importante pour la ventilation.
Les vidéolaryngoscopes améliorent la vision glottique et peuvent permettre de pallier les difficultés d’une intubation trachéale, en contournant l’obstacle. « Les experts se sont positionnés pour rationaliser leur usage et le réserver aux patients qui en tirent vraiment un bénéfice, en particulier en présence de deux critères prédictifs d’intubation trachéale difficile », résume le Pr Langeron.
Le recours à un curare d’action courte ou rapidement inactivé permet d’améliorer les conditions de ventilation et d’intubation, ainsi que le confort du patient. Et en cas de difficulté, ce caractère réversible permet de faire machine arrière et de retourner à une ventilation spontanée salvatrice. « Nous disposons désormais de techniques d’oxygénation invasives, qui permettent de gagner du temps sans désaturation, et de trouver une solution », précise le Pr Langeron.
Extuber aussi
Troisième point abordé dans ces recommandations : l’extubation. « L’intubation et les difficultés qui s’y rattachent ont pendant longtemps retenu toute l’attention, mais l’extubation peut aussi être difficile, notamment quand l’intubation l’a été, insiste le Pr Langeron. Les événements sont certes moins fréquents, mais ils sont plus graves et nous nous sommes donc penchés sur cette problématique ». Les experts ont donc émis un certain nombre de recommandations pour encadrer l’extubation, en stratifiant le risque et en mettant les moyens en regard.
Enfin, des algorithmes d’aide à la décision sont proposés pour l’intubation et l’extubation, qui prennent en compte les cas de figure les plus fréquents. « Le praticien peut ainsi s’appuyer sur des conduites à tenir formalisées, pour gérer les situations difficiles, qui doivent bien sûr être adaptées au cas de chaque patient », conclut le Pr Olivier Langeron.
D’après un entretien avec le Pr Olivier Langeron, co-organisateur et coordinateur d’experts des recommandations.
(1) « Intubation difficile » et extubation en anesthésie chez l’adulte.
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