En 2050, 50 % de la population mondiale sera affectée par au moins une maladie allergique selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Voilà la prévision qu’a souhaité mettre en avant l’association Asthme et Allergies à l’occasion de la 11e édition de la Journée française de l’allergie organisée le 21 mars. Un événement qui a permis de souligner, via un sondage réalisé par l’Ifop, le « profond manque de reconnaissance » de la maladie allergique en France. « Alors que 34 % des personnes interrogées se déclarent allergiques, 47 % estiment que l’allergie n’est pas considérée comme une vraie maladie. Pour 61 % des malades, leur entourage a même tendance à banaliser la maladie, indique l’association. L’allergie a longtemps été considérée comme une maladie infantile alors qu’on sait aujourd’hui qu’elle peut survenir à tout âge de la vie. Aujourd’hui encore, seulement 55 % des personnes interrogées déclarent qu’elle peut survenir à n’importe quel âge », ajoute-t-elle.
Un bouleversement épidémiologique
Médecin allergologue à Paris, la docteur Sophie Silcret-Grieu souligne le profond bouleversement épidémiologique survenu depuis les années 1970. « À l’époque, environ 3 % de la population en France était allergique, indique-t-elle. Aujourd’hui, le pourcentage est de 30 %. Alors, certes, il y a sans doute un meilleur repérage mais clairement, on assiste aussi à une aggravation du problème. Je vois aujourd’hui des allergies qui n’existaient pas ou peu quand j’ai commencé ma carrière il y a 30 ans. À l’époque, par exemple, le pollen de bouleau était une allergie tout à fait secondaire. Aujourd’hui, elle est quasiment devenue la plus importante dans le nord de la France. Cela s’explique par le fait qu’on a planté énormément de bouleaux dans cette partie du territoire ».
Pollution atmosphérique et hypothèse hygiéniste
Le Dr Silcret-Grieu souligne également le rôle crucial de la pollution. « Celle-ci irrite tout d’abord les voies aériennes ce qui les rend plus sensibles aux allergènes. Elle rend aussi les pollens plus allergisants car elle les décape et les rend plus agressifs ». Mais selon elle, cette augmentation très importante du nombre de cas d’allergie est liée à l’hypothèse « hygiéniste » qui fait aujourd’hui l’objet d’un relatif consensus. « Elle part du constat que, dans les pays industrialisés, le système immunitaire est de plus en plus protégé des problèmes infectieux durant la petite enfance et de moins en moins en contact avec des microbes. Et dans certains cas, il peut alors dévier son action en mettant en place un mécanisme de défense contre des substances qui ne sont pas dangereuses », explique la Dr Silcret-Grieu.
Un retard à la consultation
Aujourd’hui, les consultations des médecins allergologues sont largement surchargées. « Dans certaines régions, il faut plus de 6 mois pour avoir un rendez-vous. Mais cela ne doit pas occulter le fait que trop de personnes consultent avec retard. Pour une partie de la population, ce problème des allergies est considéré comme une histoire de « bobos » parisiens. Certaines personnes vivent au quotidien avec des allergies en se disant qu’on ne peut rien y faire ou que cela n’est pas bien grave. Or, parfois, on peut passer à côté de quelque chose de potentiellement sérieux. Par exemple, certains asthmes passent inaperçus pendant des années. Les personnes ont pris l’habitude de toussoter ou d’être essoufflées. C’est comme si elles respiraient à travers une paille qui se rétrécit chaque semaine un peu plus. Mais leurs muscles expiratoires font un travail de compensation. Résultat, on voit parfois en consultation des patients avec un asthme diagnostiqué très tardivement et des fonctions respiratoires qui se sont effondrées ».
D’après un entretien avec la Dr Sophie Silcret-Grieu, médecin allergologue à Paris
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