« Après avoir été inquiet jusqu’en 2013, plutôt rassuré en 2014, je suis en 2016 convaincu que l’e-cigarette est beaucoup plus un concurrent du tabac qu’une porte d’entrée en tabagisme chez les élèves parisiens. » Ces propos du Pr Bertrand Dautzenberg, le président de Paris sans tabac, ont de quoi rassurer après des années de défiance envers l'e-cigarette accusée d'être une porte d'entrée vers le tabagisme chez les plus jeunes.
Un sommet en faveur de l'e-cigarette
Les résultats de Paris sans tabac, enquête menée chaque année en France depuis 1991 avec la même méthodologie sur une population de collégiens et de lycéens (2 %), viennent appuyer les discussions qui se tiennent ce lundi lors du 1er Sommet de la vape. Intitulé « Politique de santé et cigarette électronique », le sommet entend rassembler l'ensemble des acteurs : scientifiques, politiques, associations, autorités de santé, utilisateurs et qui se donne désormais comme objectif de : « favoriser l’essor de l’utilisation de la cigarette électronique en tant qu’alternative au tabac chez les fumeurs et de minimiser les potentiels effets négatifs ».
Le Pr Bertrand Dautzenberg est, avec Didier Jayle (CNAM) et Jacques Le Houezec (INSERM) et le soutien de nombreux partenaires parmi lesquels la CNAM, la Fédération addiction ou SOS addiction, à l'initiative de cette rencontre organisé grâce à un financement participatif de 8 370 euros. Si le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) ou la Haute Autorité de santé (HAS) reconnaissent désormais la cigarette électronique comme un outil à l’arrêt du tabac et un mode de réduction des risques du tabac en usage exclusif, « son utilisation n’est pas encouragée de façon officielle, et son rôle en termes de santé publique dans le but d’éliminer les méfaits du tabagisme n’est pas reconnu par l’ensemble des parties prenantes », soulignent les organisateurs.
Un taux de 90 % d'expérimentateurs en 2 ans
Dans un contexte de transposition de la directive européenne sur les produits du tabac, l'enquête vient lever les craintes sur la cigarette électronique porte d’entrée pour les jeunes ou incitation au tabagisme.
Une crainte d'autant plus justifiée que l'expérimentation de l’e-cigarette a littéralement « explosé » depuis son apparition. Les promoteurs de l'enquête soulignent : « PST qui avait déjà suivi depuis 20 ans l’arrivée du téléphone portable, l’arrivée des cigarettes parfumées et de la chicha n’avait jamais observé une ascension aussi rapide d’un produit. » De fait, « quasi inconnue en 2012 (8 % d’expérimentateurs), en 2014 plus de 90 % des adolescents fumeurs l’avaient expérimenté ».
Toutefois, ce taux d'expérimentation tend à se stabiliser à 24 % chez les non-fumeurs, 80 % chez les fumeurs occasionnels, 91 % chez les fumeurs quotidiens. Ils progressent chez ceux qui disent ex-fumeurs. Le taux d’utilisation régulière de l’e-cigarette parmi les expérimentateurs d’e-cigarette est de seulement 25 % alors qu'il atteint les 50 % pour l'utilisation de tabac parmi les expérimentateurs du tabac. « La grande majorité des adolescents qui ont essayé l’e-cigarette ne l’utilisent pas régulièrement », insiste l'étude. De plus, ce taux diminue, passant de 30 % en 2013 à 18 % en 2016.
Baisse inattendue du tabagisme
Autre donnée rassurante : l'utilisation des e-liquides avec nicotine. Les non-fumeurs ne sont que 36 % à en utiliser, les fumeurs occasionnels, 19 % et chez les ex-fumeurs ; une utilisation qui reste minoritaire parmi les ex-fumeurs. « Seuls, les fumeurs quotidiens utilisent majoritairement des liquides nicotinés (77 %) », souligne l'étude.
Surtout les enquêtes PST mettent en évidence « une baisse inattendue » du tabagisme depuis l’apparition de l’e-cigarette chez les adolescents. Si le taux de fumeurs (quotidiens et occasionnels) est resté stable (39 %) chez les 16-19 ans entre 2007 et 2012 avec une légère augmentation (13 % à 15 %) chez les 12-15 ans, la tendance est désormais à la baisse depuis 2012.
Le taux de fumeurs chez les 16 -19 ans, a chuté de 39,5 % à 29 % entre 2013 et 2016 avec un taux de vapotage au cours du « mois dernier » stable (8,3 % à 9,2 %). De même, chez les 12-15 ans sur la même période, le taux de fumeurs est passé de 15,5 % à 7,1 % avec un taux de vapotage au cours du « mois dernier » stable (4,1 % à 3,9 %).
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