DE NOTRE CORRESPONDANTE
DANS LA DROITE ligne de son prédécesseur Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy a évoqué un « enjeu majeur » pour le pays en dévoilant à Marseille les grandes lignes du plan cancer II. Si le premier plan visait en priorité à améliorer la qualité des soins et de la prise en charge, ce programme 2009-2013 axe ses objectifs autour de la recherche, la prévention, le dépistage et la vie pendant et après le cancer, à travers une série de mesures pour lesquelles l’État annonce un financement de 730 millions d’euros. « Mais nous n’avons pas le droit de faire des économies à l’égard des patients et de leur famille. » Cette somme est cependant sans commune mesure avec l’investissement consenti pour la grippe H1N1 (1,5 milliard), alors que le cancer constitue la première cause de mortalité en France.
Ceci étant, ce plan cancer II, issu en grande partie du rapport du professeur Grünfeld en février dernier, tend à consolider la qualité des soins et à l’améliorer à travers la recherche, mais aussi à réduire les inégalités de santé et à faire de la vie après le cancer un axe prioritaire.
Au niveau de la recherche, le président de la République a annoncé la labellisation de 5 sites pluridisciplinaires, triés sur le volet, pour en faire des pôles d’excellence. « Je souhaite qu'ils travaillent au niveau européen, a t-il ajouté. Je veux que 15 % du budget de la recherche prévu par le plan soit consacré à l'analyse des risques environnementaux et comportementaux. » Il souhaite aussi labelliser des centres investigateurs dans les essais précoces. Sur les moyens humains, Nicolas Sarkozy a évoqué une augmentation de 20 % du nombre de spécialistes – oncologues, radiothérapeutes, hématologues – « Ils sont aujourd’hui en nombre insuffisant. » Et un effort particulier de recrutement sera consenti en faveur des radiophysiciens», a précisé le chef de l’État en évoquant « le drame d’Épinal ».
Réduire les inégalités.
Son deuxième sujet phare concerne la réduction des inégalités face au cancer. Inégalités sociales mais aussi territoriales. « Dans certaines régions, du Nord-est à l’Auvergne, la mortalité par cancer va du simple au double. Il faut chercher les causes environnementales. Il faut offrir les meilleurs soins possibles au plus grand nombre. » Ce qui est aussi le cas pour des classes sociales défavorisés. « Le risque de mourir d'un cancer entre 30 et 65 ans est deux fois plus élevé chez les ouvriers que chez les professions libérales. On ne peut pas accepter ça. Cette réduction des inégalités est une priorité absolue dans toutes ses dimensions, prévention, dépistage, soins et accompagnement que nous devons traiter de manière transversale. » Nicolas Sarkozy a promis que l’effort consacré au dépistage et aux soins pour les plus précaires, voire exclus, allait être accentué. D’ici à 2013, la participation de la population au dépistage doit augmenter de 15%.
Toujours dans le domaine de la prévention, le président a interpellé Roselyne Bachelot en lui demandant d’« organiser une journée de l’activité physique ». Une mesure qui est déjà prévue dans tous les plans d’actions contre l’obésité et le surpoids, qui mettent en avant la nécessité de « bouger ».
Il a ensuite enchaîné sur une série de mesures pour combattre le tabagisme, et l’annonce très attendue sur l’augmentation du prix des cigarettes. « J’ai décidé une hausse du prix du tabac de 6 %, avec une inflation à taux 0, c’est une augmentation très importante. Je dois aussi tenir compte du pouvoir d’achat des Français. Elle doit conduire à dissuader. » D’autres mesures sont prévues, des avertissements visuels sur les paquets pour atténuer l’image positive de la cigarette, l’interdiction de la vente sur internet, la stricte application de l’interdiction de la vente d’alcool et tabac aux mineurs. En 2010 , il y aura également renforcement des moyens consacrés à l’aide au sevrage avec un meilleur remboursement des substituts antitabagiques (150 euros au lieu de 50 pour les bénéficiaires de la CMU et les femmes enceintes). Des aides substantielles seront accordées à des associations qui oeuvrent dans ce champ des addictions.
Une vision décomplexée.
Enfin, dans la dernière partie de son intervention, le chef de l’État s’est emparé de la question de la vie après le cancer, puisque « 50 % des cancers sont suivis aujourd’hui d’une guérison. Nous devons développer une vision décomplexée du cancer. Je souhaite que 50 % des patients puissent bénéficier d’un programme personnalisé de l’après-cancer. » Dans ce cas, les patients ne seraient plus suivis dans le cadre des affections longue durée (ALD). Cette décision, suivant les recommandations de la Haute Autorité de santé, provoque un tollé chez les associations de patients. Nicolas Sarkozy se défend : « Ce n’est pas une décision facile à prendre mais il faut être cohérent, si le patient est guéri, il n’est pas en ALD. »
Le chef de l’Etat a ensuite élevé la voix contre les assurances de crédits. « Je n’accepterai pas que les patients ne puissent s’assurer et emprunter dans les meilleures conditions possibles. C’est une injustice monstrueuse. » Enfin, il a annoncé que les médecins du travail seraient sollicités pour aider au retour à l’emploi après le cancer.
Dans sa conclusion, Nicolas Sarkozy a affirmé que ce plan sera une réussite. C’est évidemment ce que souhaitent les partenaires concernés par ce plan. Le président de l’ARC, Jacques Raynaud, a déclaré être agréablement surpris par quelques mesures, dont l’aide au sevrage ou la volonté de travailler en concertation au niveau européen. D’autres, en revanche, attendent la concrétisation et les moyens donnés aux structures pour avancer sur ces objectifs.
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