Douleur

Repenser les anciens traitements

Publié le 07/07/2014
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Crédit photo : PHANIE

Le cannabis est utilisé à des fins thérapeutiques depuis des siècles et cela dans de nombreuses cultures. L’identification du delta-9-tétrahydrocannabinol (THC), principal cannabinoïde psychoactif du cannabis, et surtout la découverte du système cannabinoïde endogène et de deux types de récepteurs cannabinoïdes CB1 et CB2 ont permis d’expliquer ses effets : antispasmodiques, analgésiques, anti-émétiques, anti-inflammatoires…

Au Canada, en Europe du Nord ou aux États-Unis, de plus en plus de patients réclament de pouvoir utiliser le cannabis pour ses effets sur la douleur. Mary-Ann Fitzcharles, rhumatologue (Montréal, Canada) a mis en garde contre ses effets secondaires psychologiques graves (hallucinations, dépression, voire psychose) ainsi que sur le risque croissant d’accidents de voiture liés à la consommation de cannabis. « Son utilisation doit être réservée à des cas limités (sclérose en plaques par exemple), sous surveillance médicale, mais elle ne doit pas être promue, en attendant de trouver le composé ayant des effets plus ciblés contre la douleur et moins d’effets psychoactifs ».

Fibromyalgie : thérapie comportementale, alcool…

Plusieurs méta-analyses d’essais contrôlés randomisés dans la fibromyalgie ont montré qu’aucun traitement(médicament, méthode physique, psychologique…) n’apportait de réel soulagement des symptômes (douleur, troubles fonctionnels, troubles du sommeil…) chez la majorité des patients.

Des anciens médicaments tels que l’amitryptiline ou la fluoxetine ne diffèrent pas des nouveaux médicaments comme la duloxetine, le milnacipran et la prégabaline, en termes de réduction des symptômes et de tolérance.

« L’effet de ces médicaments dans les études semblait comparable à une prise en charge plus globale (exercice et thérapie comportementale). Cependant, celle-ci a un impact plus durable alors que l’effet des médicaments s’estompe au bout de quelques semaines », a souligné Winfried Haüser (Allemagne) (1). Les approches alternatives devraient être développées et évaluées.

Enfin, une grande étude anglaise transversale a évalué la consommation d’alcool (bière ou vin) et la présence de douleur chez 13 587 patients d’âge moyen 55 ans (58,8 % de femmes) (2). Chez les hommes, la prévalence de la douleur diminue nettement avec l’augmentation de la consommation, modérée, d’alcool passant de 16,7 % chez les non-buveurs à 11,8 % chez ceux consommant 21 à 35 unités d’alcool par semaine. Chez les femmes, la prévalence de la douleur est de 21 % chez les non consommatrices versus 14,8 % chez celles qui boivent 11 à 20 unités d’alcool par semaine. Chez les patients présentant une douleur (n = 2 060), le handicap dû à la douleur passe de 45,5 % chez les non-buveurs à 15,5 % chez les buveurs d’alcool. Ainsi, une consommation modérée d’alcool semble fortement associée à des niveaux plus bas de handicap lié à la douleur. Le mécanisme biologique sous-jacent serait l’effet positif de l’alcool sur le neurotransmetteur GABA. Des études ultérieures sont nécessaires pour confirmer cette association.

Clinical Science session « Analgesics for rheumatic diseases : re-thinking old drugs »

(1) Häuser W et al. Abstract SP 0061.

(2) Beasley MJ et al.. Abstract OP0122.


Source : Le Quotidien du Médecin: 9341