DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE
EN FRANCE, ON ESTIME que 170 000 personnes bénéficient d’un TSO, ce qui a permis de réduire la dépendance, les infections virales et les overdoses. Mais le risque de mésusage est réel, et on estime par exemple que 20 à 30 % utiliseraient la BPN par voie IV, tandis que le "sniffage" se développe dans certaines populations. Cette attitude non seulement continue à les exposer aux surdosages, aux infections par le VIH ou l’HVC, mais peut provoquer des détresses respiratoires parfois mortelles, des thromboses, et des lésions cutanées graves en particulier avec les injections de BPN génériquée. « Aussi a-t-on misé sur l’association de la naloxone, un antagoniste opioïde, à la BPN pour limiter le mésusage puisque les effets euphorisants de cette combinaison sont pratiquement nuls et qu’elle augmente le risque de précipitation d’un syndrome de manque » explique Didier Touzeau (CSAPA Bagneux).
Après avoir démontré son efficacité dans le traitement de la dépendance aux opiacés, l’étude RIME avait pour objectif d’évaluer son acceptabilité et sa capacité à réduire le mésusage de la BPN par voie IV chez les patients dépendants aux opiacés.
Cette étude française multicentrique, débutée en 2009 a randomisé en ouvert 158 patients déclarant recourir à la BPN IV au moins 4 fois par semaine en BPN/NLX ou BPN seule.
Une réduction significative des injections
Après 12 semaines, 89,6 % des sujets du groupe BPN/NLX ont significativement réduit le nombre d’injections hebdomadaires de plus de 30 % versus 45,8 % dans le bras BPN (p ‹0,0001). Cette baisse est nette dès le 7° jour et se maintient dans le temps. À la fin de l’étude, 74,2 % ont totalement arrêté d’injecter le médicament de l’étude versus 15,9 % sous BPN seule (p ‹0,0001). Globalement le nombre moyen d’injections du médicament par semaine diminue de 16 dans le groupe BPN/NLX et seulement de 1,28 dans le groupe BPN(p ‹0,0001). Les doses du traitement sont peu modifiées et sans différence notable entre les deux bras
L’analyse des scores cliniques de sevrage des opiacés ne montre pas d’augmentation des signes de manque ; il n’y a pas non plus de compensation par la consommation d’alcool ou d’autres drogues, puis le score ASI (Addiction Severity Index) n’est pas modifié.
Les usagers ressentent moins d’effets "agréables" sous BPN/NLX, ce qui ne les incite pas à renouveller l’expérience. Le profil de tolérance est similaire à celui de la BPN ; à noter une sortie prématurée de l’étude de 25 patients dans chaque bras, ce qui est logique dans cette population peu compliante. « Autre intérêt de cette association » souligne Maurice Dematteis (Unité fonctionnelle d’addictologie, CHU de Grenoble) « elle diminue aussi la dépression respiratoire liée aux opioïdes ».
Pour Jérôme Bachellier (CSAPA, Tours), investigateur de l’étude « la combinaison BPN/NLX n’a certainement pas pour vocation à remplacer la buprénorphine. Elle peut constituer l’une des bases sur laquelle bâtir le contrat thérapeutique entre patient et soignant. L’usager est moins soumis à la tentation du mésusage, du marché noir ou à la pression engendrée par la détention d’un produit aux effets stupéfiants notamment en milieu carcéral. Le soignant, pour sa part, a le sentiment de prescrire un traitement à stricte visée thérapeutique ».
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