EN 1980, P. A. Merton et H. B. Morton ont montré que la stimulation électrique transcrânienne permet de stimuler les aires motrices du cerveau humain à travers le scalp (1). Ils ont utilisé à cet effet un choc électrique bref et ont obtenu une réponse musculaire synchronisée, un « potentiel évoqué moteur ». Ils avaient ainsi détecté l’intérêt de ce type de technique, mais aussi souligné l’aspect douloureux de cette stimulation. Mais quelques années plus tard, A. T. Barker a pu mettre au point un nouveau type de stimulateur indolore et atraumatique (2). Il délivre un champ magnétique intense et bref qui induit un courant transitoire capable de dépolariser les structures nerveuses excitables voisines et de se propager.
Initialement développée afin d’étudier le fonctionnement des voies corticospinales à conduction rapide, la stimulation magnétique transcrânienne fait partie des techniques de routine en neurophysiologie. Elle permet d’analyser le fonctionnement des voies motrices, par exemple dans la sclérose en plaques ou les atteintes médullaires, compressives ou dégénératives.
La stimulation magnétique transcrânienne peut également être délivrée de manière répétitive. Cela permet de moduler l’excitabilité corticale et d’obtenir une inhibition ou une facilitation, selon les paramètres de stimulation utilisés.
Efficacité prolongée un an.
Elle a été utilisée essentiellement pour le traitement de certaines dépressions graves. Différents travaux ont montré que la stimulation magnétique transcrânienne répétitive au niveau moteur peut avoir un effet antalgique, par exemple en cas de douleur neuropathique ou centrale chronique grave. Cette technique a par ailleurs été proposée pour sélectionner les patients répondeurs. Sa limitation principale est la brièveté de son efficacité. Mais des séances quotidiennes répétées peuvent induire un soulagement durable de la douleur. C’est ce que montrent les travaux de N. Attal et coll. dans le cadre de patients ayant des douleurs liées à des anomalies du contrôle fonctionnel de la douleur, comme la fibromyalgie (3), le syndrome du colon irritable ou les stomatodynies par exemple. L’efficacité de la stimulation magnétique transcrânienne répétitive peut se maintenir pendant une durée prolongée d’un an après une induction d’une séance par jour pendant cinq jours, puis une séance hebdomadaire et enfin bimensuelle puis mensuelle (4). Cette efficacité peut être mesurée notamment par l’emploi d’une échelle visuelle analogique, la consommation d’antalgiques et les techniques de coping mises en œuvre par les patients.
La stimulation magnétique transcrânienne répétitive apparaît ainsi comme une technique très prometteuse, probablement avec des indications larges, encore du domaine de la recherche.
D’après la conférence de presse organisée par la Fondation Apicil contre la douleur, Centre d’évaluation et de traitement de la douleur, hôpital Ambroise Paré, Boulogne, 7 avril 2010.
Références
(1) Merton PA, Morton HB. Stimulation of the cerebral cortex in the intact human subject. Nature 1980 ; 285 : 227.
(2) Barker AT, et coll. Clinical evaluation of conduction time measurements in central motor pathways using magnetic stimulation of human brain. Lancet 1986 ; 1 (8493) : 1325-6.
(3) Passard A, et coll. Effects of unilateral repetitive transcranial magnetic stimulation of the motor cortex on chronic widespread pain in fibromyalgia. Brain 2007 ; 130 (Pt 10) : 2661-70.
(4) Attal N, et coll. A paraître.
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